Ce qui met en péril une relation de couple (6ème partie)

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Je peux accepter que tu me dises
Ce que j'ai fait ou pas fait.
Et je peux m'arranger de tes interprétations
Mais je t'en prie ne mélange pas les deux.

Si tu veux semer la confusion
Je peux te dire comment :
Mélange ce que je fais
Et ta façon d'y réagir.

Dis-moi que tu es déçue
De voir des tâches inachevées,
Mais ce n'est pas en me traitant d'irresponsable
Que tu parviendras à me motiver.

Et dis-moi que tu te sens blessée
Quand je réponds non à tes avances.
Mais ce n'est pas en me traitant d'insensible
Que tu m'attireras vers toi.

Je peux accepter que tu me dises
Ce que j'ai fait ou pas fait.
Et je peux m'arranger de tes interprétations
Mais je t'en prie ne mélange pas les deux.

Marshall Rosenberg

La communication non violente au quotidien



Quelques exemples concrets de dynamiques qui vont polluer une relation de couple


Il semblerait que si le niveau systémique de chacun des partenaires d’un couple était clarifié, cela éviterait beaucoup de difficultés, de souffranc. Les dynamiques suivantes sont courantes et suivant le vécu du couple, le contexte systémique, il sera opportun de les vérifier lors d'un travail.

  • Un des partenaires suit le destin d’un de ses aïeux : une femme veut mourir pour être fidèle à sa soeur écrasée sous un tracteur ou à une tante morte d'un cancer ou un homme suit le destin d'un grand père mort à la guerre de 14/18. La personne dit inconsciemment “je pars avec toi, je veux mourir comme toi”. Il sera alors important que la personne se confronte à cette identification inconsciente afin qu’elle réalise ce qui conditionne son existence, à son détriment. 
  • Il sera important que la personne puisse faire l’expérience des charges émotionnelles liées à cette intrication afin qu’elle s’en libère. Une chose primordiale est que la personne voit celui ou celle qu’elle suit dans son destin. Tant que nous ne voyons pas ce à quoi nous sommes identifiés (personne, sentiment), nous le sommes. C’est à dire que nous n'avons aucune possibilité de choisir, de changer. Nous sommes prisonniers de l’histoire de l’autre sans pouvoir agir. Nous ne pouvons que réagir et cela se fait automatiquement, hors de notre contrôle conscient. Seule la prise de conscience liée à une confrontation à ce qui est peut modifier une intrication.
  • Des phrases libératrices faciliteront le travail, permettant à une personne d’ identifier les mécanismes et comportements mis en place “je te vois maintenant avec ta souffrance mais ce n’est pas mon histoire, c’est la tienne ; sois bienveillante avec moi quand je reste avec mon mari ou avec ma femme ; je te laisse avec ton histoire et te garde dans ma conscience ; maintenant tu peux  partir en paix”. Elle dira à son partenaire “je reste avec toi” et celui-ci pourra dire “je te garde avec amour”. Si ces phrases ne sont pas justes, appropriées, elles permettront de clarifier ce qui est là, ce que nous n’avons pas vu ou pas dit par exemple et qui a besoin d’être manifesté avant de passer à une étape de résolution ; et parfois la personne intriquée ou son représentant refuse de dire de telles phrases ce qui est révélateur d’un lien inconscient. (N'oublions jamais toutefois que toute phrase, pour qu'elle soit libératrice doit émerger de ce qui se montre et être dans le temps présent, vivante)

  • Un des partenaires suit un enfant avorté, mort-né, mort ; cela se voit souvent chez une femme qui n’a pas pu confronter la mort de son enfant ; du chagrin, de la culpabilité, des reproches restent et font que toute son attention est tournée vers l’enfant mort dont elle n’a pas fait le deuil ; son existence s’est arrêtée au moment de l’incident et elle est comme figée dans la mort, au destin de cet enfant. Elle n’a plus d’attention disponible pour son conjoint ou même ses enfants vivants ; elle ne les voit souvent pas ou plus. Cela se voit, aussi, chez des femmes qui ont perdu des frères et soeurs dans leur fratrie. Donner une place à un enfant mort-né, reconnaître un enfant mort en bas âge ou un enfant avorté redonne au système son intégrité.
  • Il est important que la personne puisse alors exprimer et vivre son chagrin, sa tristesse ou tout autre émotion refoulée lors de ce traumatisme. Souvent un rituel facilitera le processus de désidentification et donnera une impulsion pour ramener la personne dans le temps présent. Le représentant de l’enfant mort met alors ses mains sur la poitrine de la mère ou de la soeur et lui rend la partie d’elle qui est morte avec lui en expirant jusqu’à ce que celle-ci se sente libérée. Souvent après ce processus, les personnes intriquées se sentent plus légères et prêtes à laisser les morts partir en paix.

  • Si la douleur et la responsabilité d’un avortement ne sont pas partagés par les deux partenaires, la relation de couple risque de s’arrêter.  La relation sera d'autant plus en danger si un des partenaires fait des reproches à l'autre, ce qui est signe que la responsabilité de l'acte n'est pas assumée.
  • L'avortement est souvent vécu comme une faute et génère donc de la culpabilité qui amène à vouloir expier. Cette culpabilité peut se perpétuer dans une autre relation que celle où l'avortement a été décidé et donc lui nuire, sans pour autant que les partenaires  en soient conscients. Le chemin vers la guérison passe par la confrontation de la décision, de l'acte, par la reconnaissance de l'enfant avorté à qui une place est donnée, en conscience par les parents ; cela passe aussi parfois par la  décision que la culpabilité a été assez chère payée....
  • Des phrases comme “nous allons porter ensemble le chagrin et la douleur que tu ne sois pas né” vont réduire les tensions et favoriser un retour à l’équilibre.  

  • Un des partenaires suit son jumeau qui est mort in-utéro ; souvent la personne cheerche quelque chose sans vraiment savoir ce qu'elle cherche ; elle cherche cette relation si particulière qui lie des jumeaux, qu'ils soient vrais ou faux ; c'est un lien très puissant qu'elle tente de retrouver dans la relation amoureuse, conjugale mais qui est une entrave tant qu'elle n'est pas vue, conscientisée.
  • Une femme ne peut se séparer de son mari alors que la relation est terminée pour elle ; à chaque tentative, elle renonce et c'est quelque chose qui la dépasse ; quand elle expose sa demande, elle eest très abattue, triste et ce n'est pas une adulte qui parle et qui se montre là ; Y aurait il eu un jumeau ? elle rejette cette hypothèse et nous lui proposons de vérifier ; elle accepte un peu contre son gré. dès que le jumeau est placé, elle éclate en sanglots et va se blottir contre lui....
  • Une autre a l'impression que personne ne l'aime comme elle le souhaite, ni ses amoureux ni sa mère ; c'est jamais assez, c'est pas çà !!!! elle s'est investie depuis des années dans des recherches spirituelles pour trouver cet amour absolu qu'elle connaît. quand nous plaçons un jumeau, ils tombent dans les bras l'un de l'autre ne pouvant plus se séparer ; leur espace est comme impénétrable ; après un moment ainsi, la personne sourit et dit "mais c'est cela que je cherche depuis toujours, cet amour total, sans condition et c'est évident que ni mes compagnons ni ma mère ne pouvaient me donner cela. C'est trop absolu et c'est cela qui m'a conduite dans ma démarche spirituelle".
  • Prendre conscience d'un jumeau que l'on recherche depuis tant d'années donne du sens au vécu, remet de l'ordre et permet de dire à son partenaire "je l'ai cherché à travers toi mais je ne savais pas vraiment ce que je cherchais ; je t'ai demandé de le remplacer, lui et son amour." Ce sera soulageant pour le partenaire de comprendre que ce n'était pas son histoire et qu'il n'y pouvait rien, que son amour, ses compétences n'étaient pas à remettre en cause. Cependant dans de tels cas, le jumeau garde une préséance souvent sur le partenaire qui doit faire avec. cela reste quelque chose de particulier.
(à suivre)

Christiane Perreau

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