Comment gérer les traumatismes reçus dans l'enfance : partage

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Ana écrit :

À la lecture du partage d'isabelle sur le blog, voici mon partage :


j'ai parlé il y a quelques années à ma mère du fait que j'allais  vérifier tous les jours dans le livret de famille parce que je croyais  avoir été adoptée.

Ce que j'ai pu observer, c'est que ma mère comprenait bien ce que  j'avais fait, mais ne comprenait pas le pourquoi je l'avais fait. Elle  n'arrivait pas, selon mon point de vue à contacter mes propres  émotions au moment où je lui en parlais.

Ce que j'en comprends, c'est que je n'avais pas conscience moi-même de  la racine de mes ressentis, je n'avais pas résolu quoi que ce soit  chez moi, donc elle ne pouvait rien résoudre pour moi. Je suis en très bonne relation avec ma mère, (même si je n'ai pas  encore le courage de lui dire: s'il te plaît maman, prends moi dans  tes bras, j'ai envie de pleurer sur ton épaule, et je suis sûre  qu'elle le ferait!) et j'ai la certitude qu'elle m'a écoutée à ce  moment-là, mais ma réalité est tellement loin de la sienne lors des  faits, qu'elle ne pouvait même pas imaginer qu'un enfant, qu'un de ses  enfants ait pu le faire. Elle a trouvé l'idée ingénieuse, elle a ri, de  ce rire d'enfant, clair et cristallin. En tout cas, j'ai eu cette  chance de m'être sentie au moins écoutée, même si pas totalement  comprise et j'ai ri aussi.

Mais je peux comprendre que nous ayons le souhait à un moment donné de  "rendre à césar..." et de renvoyer au parent ce qu'il nous a donné et  qu'on n'a pas aimé, tout en gardant ce que l'on a aimé....  parce que  nous sommes dans cette croyance à ce moment-là.
J'ai eu la chance  d'avoir des frères et soeur que j'ai observés depuis toute petite,  renvoyer leur colère, leur violence à mes parents; et je voyais bien  que mes parents ne comprenaient pas mieux et que cela ne changeait 
rien à leur attitude, au contraire, il me semble qu'ils souffraient  encore plue et que cela renforçait leur position.

Pourtant, c'est ce  que j'ai fait à un moment donné avec mon père, dans un courrier,  chargé de colère et de rancune, alors que je venais d'avoir mon  deuxième enfant, je lui ai dit ce que je pensais de lui. J'attendais  beaucoup de cette lettre, enfin, j'attendais qu'il reconnaisse, qu'il  prenne conscience de ce que j'appelle "sa folie" qui n'est autre que 
la folie du monde, avec cette idée que cela me soulagerait et me  permettrait de sortir de mes propres imbroglios. Je voulais avoir  raison, je voulais avoir le dernier mot. Peine perdue pour moi, je  n'ai rien reçu de tel, et peine gagnée pour lui, j'ai réveillé ses  démons. Je n'ai rien arrangé du tout.  Le travail était à faire chez  moi, c'est ce que je fis, et j'ai pu être en paix avec lui avant qu'il  ne termine son existence.
 
Ce que j'en comprends, c'est que de mon côté, j'ai intégré le sens de  la prière au matin de la vie, celle-là même où il est dit à ses  parents que je prends la vie au prix ou cela m'a coûté, au prix où  cela leur a coûté. Et que ce que j'ai vécu est bel et bien ce que j'ai  vécu et non pas ce que ma mère ou mon père ont vécu, et en tout cas  pas ce qu'ils ont voulu. Ce que j'ai vécu, c'est ce que j'ai compris,  cru et décidé pour moi à ce moment-là, et je te rejoins bien,  Christiane quand tu dis que c'est là le travail que nous avons à faire  sur et pour nous-même ; j'irai même jusqu'à dire que nous nous le  devons, en tant qu'être sur le chemin de l'humain adulte, même si ce  chemin semble long...

Reçois ma reconnaissance et ma gratitude Christiane, pour ces échanges  que tu permets sur ce blog, exprimer mes réalités me permet d'en avoir  une meilleure conscience !


Commentaire de Christiane

Merci Ana de nous partager ton expérience précieuse. Qui n'a pas "balancé" toutes ses rancoeurs à ses parents dans l'espoir d'en être soulagé ? Malheureusement, pour beaucoup ce fut comme des boomerangs qui leur revenaient, amplifiant la souffrance déjà présente. quand la souffrance est apaisée chez nous, cela peut se faire alors dans une communication non violente, d'adulte à adulte. et parfois nous n'en éprouvons plus le besoin car le cycle est terminé chez nous.
Et puis lorsqu'un élément du système change, le système change ; il n'est pas rare que suite à une constellation, alors que la personne n'a pas évoqué le travail fait, un parent devienne plus accueillant, reprenne contact avec un enfant, reconnaisse son enfant comme étant sa fille ou son fils....

Merci aussi pour cette expression "nous nous le devons" à laquelle j'adhère. Car qui d'autre que nous peut apprendre à nous aimer, à nous accepter, à nous respecter, à nous reconnaître ?

Écrire des lettres à ses parents peut être un bel exercice pour conscientiser nos émotions, nos pensées, ce que nous n'avons jamais osé dire, ce qui nous a fait le plus souffrir. C'est un vrai travail sur soi où nous pouvons écrire une lettre, puis une autre et ainsi de suite jusqu'à ce qu'une compréhension, un soulagement arrivent. Cela va permettre à certaines émotions enfouies ou retenues de se libérer.

C'est un excellent moyen aussi de compléter un travail de constellations où il y a eu des révélations importantes qui bousculent les données stables, le connu. C'est aussi une façon de faciliter un deuil avec un parent. Et puis ces lettres ou une de ces lettres peut aussi être travaillées avec le thérapeute qui accompagne la personne. cela peut devenir un support pour une séance.
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