La puissance destructrice des désordres systémiques (1ère partie)

Publié le par Christiane Perreau

 

Pour que l’individu se sente entier,
 il faut que tous ceux qui appartiennent à son
système aient une grande place dans son cœur.


Bert Hellinger


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Les comportements et/ou relations perturbés des individus pris séparément pourraient ne pas avoir une influence aussi néfaste que nous le pensons. Par contre, ce qui pourrait déranger plus profondément un individu, ce sont les désordres systémiques faits de traumatismes, de souffrances non résolus auxquels personne n’a pu faire face et qui font l’objet de refoulement, de non-dits, de secrets, d’exclusions. Cela crée une zone de turbulence, d’inconscience qui influence les individus sur plusieurs générations, les amenant à répéter des phénomènes qui dépassent le cadre leur existence personnelle. Nous n’avons pas assez conscience d’être pris dans des mouvements plus vastes que notre propre existence.

En métapsychologie, nous appelons « réseau » cette portion de la conscience où sont stockés les incidents traumatiques, les cycles non clos qui constituent ce qui est couramment appelé l’inconscient. Nous avons un réseau personnel provenant de nos blessures individuelles qui s’inscrit dans un réseau familial, provenant des blessures transgénérationnelles qui pourrait s’inscrire dans un réseau plus large qui s’appelle les groupes, les peuples, les nations. Anne Ancelin-Schûtzenberger, la grand-mère de la psychogénéalogie, a observé que beaucoup de schémas répétitifs ont débuté au moment de la Grande Terreur qui suivit la Révolution Française où la France fut divisée et profondément meurtrie. Si nous pensons au peuple juif et la Shoah, leur histoire a commencé bien avant la dernière guerre.

Ainsi, nous sommes un petit maillon dans l’immense chaine des générations qui tente de maintenir un certain équilibre pour survivre. Depuis des milliers d’années, le groupe a facilité la survie des espèces, y compris l’espèce humaine. Ensemble, nous avons plus de chance de nous en sortir vivants mais cela à un prix…. Cette chaîne transgénérationnelle peut être comparée à un réseau -comme internet- où plusieurs données sont inter-connectées, se croisant tant dans la verticalité que l’horizontalité de notre arbre généalogique afin que la stabilité, la cohésion d’une famille soit maintenue malgré les vicissitudes de l’existence.

C’est un peu comme si chaque génération se donnait le devoir de payer un tribut aux générations passées pour exister. Ils ignorent que cela ajoute du malheur au malheur, qu’il y a un autre moyen que de souffrir pour témoigner sa loyauté, pour appartenir à un groupe. Ils ignorent qu’en reconnaissant et en comprenant  ce qu’ont été les souffrances de leurs aïeux, qu’en révélant certains liens toxiques, il y a une possibilité de se libérer et de libérer les générations passées et à venir prisonnières des douleurs, des non-dits, des secrets.


Le petit enfant, avant de pouvoir se déterminer par lui-même se remplit des contenus de sa famille, de leurs valeurs, de leurs croyances. Comme le notait Didier Dumas, « La psyché du fœtus est donc originellement une psyché collective et c’est parce que nous avons tous commencé comme ça que nous pouvons ensuite communiquer entre nous, entrer en relation avec autrui, notre vie  durant ». Oui le bébé est l’autre jusqu’à environ 2 ans, moment où il commence à se différencier, en montrant de son petit index. là-bas. Mais avant il est Papa, avec Papa, il est Maman avec Maman, etc. Il se nourrit de son clan, en contact direct avec les expériences passées, celles qui sont intégrées, l’héritage positif, et celles qui ne le sont pas, l’héritage négatif. Il s’identifie à la place où il est. Il prend le bon et le moins bon, sans distinction. C’est seulement à l’adolescence qu’il commence à faire le tri mais souvent réactivement, ce qui n’est pas une libération et certaines fidélités inconscientes sont malgré tout si bien ancrées qu’elles demandent un travail de conscience pour s’en libérer.

Les constellations
et la clarification nous apportent des outils merveilleux pour nous aider à sortir de ces répétitions, de ces ruptures de communications qui polluent notre existence et ouvrir une voie de changement, de compassion où au lieu d’exclure, nous incluons, nous intégrons. Une voie de différenciation où nous prenons responsabilité pour nous mêmes et laissons à nos aïeux leurs responsabilités, leurs fardeaux, leur rendant ainsi leur force et leur dignité.

Ce qui est surprenant, c’est qu’un représentant en constellation, à qui il est attribué une place dans une famille, va recevoir les informations du « champ qui sait », un peu comme le bébé capte les informations de son système ; la grande différence est que le représentant est  conscient et d’accord de recevoir ses informations qui n’appartiennent pas à son histoire et qu’il ne reste pas  identifié à la fin du processus.

Suite au prochain bulletin..
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Christiane Perreau

 

 

Bibliographie

Anne Ancelin Schûtzenberger Aîe, mes aîeux

Dider Dumas l'Ange et le Fantôme

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