Parentification (1ère partie)

Publié le par Christiane Perreau

 

 

Comment être mère quand nous n’avons pas pu être fille ?

Comment être père quand nous n’avons pas pu être fils ?

 

 

 

 

Vous avez certainement déjà vu une lignée de femmes où  une mère n’a pas  le soutien de sa propre mère qui elle-même n’a pas eu de soutien de sa mère et ainsi de suite. Une lignée de femmes où les filles qui manquent de mères deviennent la mère de leur mère avec effort, résignation, dureté, tristesse et colère…  C’est tout aussi valable pour un petit garçon qui devient le parent de sa mère ou de son père. Les petits deviennent les grands et prennent en charge le parent défaillant. Mais au fond de ce petit, il y a une grande souffrance car il sait que son enfance lui est volée ; il n’a pas d’autre choix que d’en nier l’existence ; c’est une question de survie !!!  Et il va même jusqu’à idéaliser le parent, travestir la réalité pour que ce soit plus facile à supporter. Il s’invente des histoires, se crée des illusions…  il n’a pas d’autre choix que de faire ce qu’il fait sinon il pourrait en mourir.

 

Car c’est réellement une question de survie pour cet enfant qui  se trouve face à l’ingérable ; il perçoit un tel désarroi, une telle faiblesse, une telle indisponibilité chez son parent qu’il ne peut pas faire autrement que de s’en occuper. C’est-à-dire que c’est lui, le petit, qui va prendre en compte le grand et lui prodiguer de l’attention, couramment appelé amour. Il se sent seul au monde, avec personne pour l’accueillir, le soutenir, le contenir, lui donner ce qui lui permettrait de se sentir en sécurité ; ceci est terrifiant pour un bébé dont la survie dépend d’un parent absent, violent, déprimé, qui ne peut rien donner ; il est si peu rempli lui-même que c’est lui qui demande de l’attention.

 

Alors dans l’espoir de recevoir un peu d’affection, l’enfant tente de soulager son parent du chagrin qu’il porte, de le ménager, le distraire pour qu’il soit accueillant, souriant, pour maintenir la proximité dont il a tant besoin. En contre partie, il reçoit un peu d’attention automatique, artificielle, voire violente : maltraitance, geste dégradant, humiliant, punition, menace. C’est une attention qui n’émane pas de la Personne, de notre Essence mais de l’enfant en nous qui lui non plus, n’a pas reçu l’amour dont il avait besoin et/ou a dû faire face à des événements traumatiques qui l’ont rendu indisponible, absent, son attention étant figée dans ces incidents douloureux.

 

C’est une dynamique à laquelle il est difficile de résister tellement la contrainte est énorme. C’est une inversion de l’ordre systémique : le courant d’amour qui s’écoule des anciens vers les enfants est inversé. C’est une perversion : l’enfant devient le consolateur, le guérisseur, le sauveur, le confident de son parent même si celui-ci est maltraitant, manipulateur, pervers. Ces enfants se retrouvent dans un tel vide affectif  qu’ils éprouvent une grande détresse due à leur isolement sensoriel. Ils ne peuvent pas  établir une proximité sécurisante avec le parent. La parole affective qui rassure fait défaut ; le contact enveloppant manque. La peur, la tristesse sont les émotions qu’ils éprouvent de façon récurrente, chronique. Ils peuvent même devenir sans émotion, vivants coupés de leurs ressentis, indifférents. Ainsi plus rien ne peut les atteindre…

 

Le lien à l’autre, au monde devient dangereux. Tout peut devenir agression. Mais l’enfant pris dans cette intrication va continuer à nourrir son parent de son amour pour ne pas être « lâché », pour maintenir un lien coûte que coûte. Il continue désespérément,  ressentant son impuissance à sauver ou rendre heureux son parent  et la frustration de ne rien recevoir en retour ne fait que grandir ce qui l’amène à ressentir rage, haine, colère. Mais comment haïr pleinement celui ou celle dont notre survie dépend et qui par moments se montre capable d’aimer et d’être aimé !!? Comment aimer pleinement celui ou celle qui nous fait souffrir et est capable de nous abandonner, de  nous oublier ?!!

C’est l’ambivalence à laquelle nous ne pouvons échapper, même dans un contexte où les parents sont tendres, attentifs, compréhensifs, répondant au mieux au besoin de l’enfant.

 

Ces enfants deviennent adultes avant l’âge ; ils ont décidé de grandir vite, de se débrouiller seuls ; la famille peut même être fière d’eux ; « elle est sérieuse, il est sage » entend-on dire !!! Sous des apparences de maturité, d’indépendance, ces enfants sont bloqués dans une immaturité émotionnelle et dans la dépendance car secrètement, ils attendent ce qui leur a toujours manqué, la sécurité, le respect, la prise en compte de leur singularité, de leurs propres désirs à exister. Jouer le grand alors que nous n’avons pas été nourris de cette sécurité que procure l’attachement à une personne aimante, présente, capable de donner de l’attention est une distorsion. Et c’est le terrain propice à des difficultés relationnelles, affectives, professionnelles pour notre vie d’adultes.

 

(à suivre)

 

Christiane Perreau

 

 



du 12 au 18 juillet

 

 Un stage

pour prendre soin de cet enfant


pour débusquer les intrications qui vous empêchent d'être vous

pour mettre fin à ces mouvements inconscients

qui font qu'un enfant prend le fardeau de ses aïeux

 

Pour plus d’information consulter la page du blog

<http://constellations-je-nous.over-blog.com/pages/STAGE_JUILLET_2014-8911932.html>

ou adresser un courriel à

jenous@free.fr

 

 

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