L'identification (3ème partie)

Publié le par Christiane Perreau

 

Et si c’était une aptitude de notre Nature Essentielle que de s’identifier ?
 
Comment se fait-il que nous puissions atteindre quelque chose, en faire l’expérience et le laisser ensuite ? J’émets l’hypothèse que nous sommes la Vie (la Vacuité dont parlent les bouddhistes, le Soi, le Non Manifesté, Dieu suivant à quelle philosophie nous nous référons) et que la Vie que nous sommes a cette aptitude à donner vie aux choses, aux histoires, au manifesté. C’est la Conscience sans contenu qui rend réels ses contenus de conscience.
 
Mais en Essence nous ne sommes ni nos histoires, ni nos émotions, ni notre corps. Nous ne sommes rien de toutes ces apparences, de toutes ces manifestations. Nous sommes la Conscience, la Présence qui crée par intention et attention des formes, des apparences leur donnant ainsi existence. Nous sommes le Sans forme qui donne vie aux formes. L’Advaïta, philosophie indienne dont le nom signifie non-dualité, dit que rien « n'existe en vérité absolue qu'un seul Être, infini et éternel, sur la réalité foncière duquel reposent toutes les réalités manifestées dans l'univers ». (Encyclopédie Universalis)
 
Nous sommes aussi celui qui fait les expériences, qui ressent, qui pense, interprète mais nous ne sommes rien de tout cela en Essence. Et pour faire ces expériences nous nous identifions.
Regardez un bébé !! N’apprend-il pas en s’identifiant ?!  C’est parce qu’il voit ses parents manger quelque chose à table que soudain il ne veut  plus son biberon de midi. Et puis quelque temps après il ne veut plus celui de 19 H. Il veut une purée, enfin quelque chose qui ressemble à ce que ses parents mangent !!!  Ensuite vient le moment où observant ses parents marcher, il apprend à se mettre sur ses 2 jambes puis à faire des pas. Il s’agit là d’identifications constructives.
 
Son évolution se fait au fur et à mesure qu’il observe et duplique son environnement. Ainsi va-t-il très vite reproduire les comportements qui lui attire de l’admiration, un sentiment d’être aimé, d’appartenir à son clan. La petite fille imite sa mère et un petit garçon veut ressembler à un oncle vénéré par toute la famille pour ses capacités de pilote de course, par cxemple. Tant que l’identification  nous permet de réaliser nos propres intentions, elle n’a rien de négatif. Pour apprendre les réalités de l’existence, nous n’avons d’autre choix que de nous identifier....
 
Mais cette capacité à nous identifier est plus ou moins consciente et devient au fil des années complètement compulsive et incontrôlée. Elle conduit à nous identifier à notre personnalité, aux apparences, à ce que nous donnons à voir aux autres pour être acceptés, reconnus, aimés : la gentille, le parfait, le colérique, le serviteur, le brillant, le menteur. Autant de personnages qui nous éloignent de notre vraie nature et de notre personnalité en accord avec nos intentions profondes. Ces identifications-là sont source de souffrances et nous maintiennent dans l’illusion que les indiens appellent la maya.
 
Non seulement l’identification nous met en contact direct avec notre famille proche et actuelle mais aussi avec la conscience familiale et tout l’inconscient systémique du clan auquel nous appartenons. Et c’est ainsi que nous nous identifions de manière quasi automatique aux morts, aux exclus, aux malades, à ceux qui n’ont pas assumé une faute ; que nous ayons connu ou pas ces personnes n’y change rien. Nous devenons l’autre ou une partie de cet autre et il n’y a plus de séparation entre cet autre et nous. Ainsi reproduisons-nous le destin tragique d’un père alcoolique, le cancer d’une grand mère, la colère d’une aïeule bafouée, l’existence limitée d’un petit frère handicapé ou le déni de l’argent dont un père s’est laissé déposséder.
 
À force de s’identifier à de nombreuses réalités, nous dilapidons notre capital d attention et nous nous perdons en tant qu’Être, que Conscience. Ces identifications-là nous maintiennent dans l’illusion que nous sommes nos émotions, notre corps, nos pensées. Nous ne savons plus qu’il y a une Non-Réalité, un Soi qui crée ces apparences et s’y identifie pour en faire l’expérience. L’expérience quotidienne de l’existence fait que nous vivons plutôt collés aux réalités de notre histoire et perdons le contact avec la Source que nous sommes.
 
Dans une constellation, l’identification est consciente et de courte durée. Nous atteignons ce à quoi nous nous identifions et nous nous en retirons. Et nous ne perdons pas la conscience que nous sommes différents de ce à quoi nous sommes identifiés. Nous gardons une conscience continue que nous ne sommes pas ce que nous représentons tout en y restant reliés, sinon il n’y aurait pas de ressentis, d’informations. C’est une gymnastique de l’esprit qui se répète plusieurs fois dans une journée de travail et qui devrait nous faire réfléchir sur notre Vraie Nature. Pourquoi ne pouvons-nous pas nous désidentifier aussi aisément de ce qui nous fait souffrir ? Certainement parce que l’existence qui est persistance fait que nous cristallisons nos réalités, nos identités. Nous n’avons pas le temps de le faire dans un placement familial.
Et l'existence est un cycle plutôt long ce que n'est pas une constellation.
 
Il se pourrait que notre liberté dépende de notre capacité à s’identifier et se désidentifier de façon consciente et contrôlée. De nombreux chemins spirituels nous font cette proposition. Et cela passe par un entraînement au maniement de l’attention, à la présence.

Christiane Perreau

 

(à suivre)




Je suis celui qui est avant toute histoire
Je suis celui qui sera quand toute son histoire sera comprise

et qu’elle sera dissoute.
Je suis celui qui est ici avec son histoire  et qui a oublié qui il est vraiment
La fin de ma souffrance est la fin de mon histoire

Ou au moins la fin d’une partie de mon histoire
Byron Katie


 

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