De mères en filles pour devenir "Femmes" E. et J. Van den Bogaert

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 Quand nous mettons en place une constellation, une lignée de femmes, nous observons combien la vie des femmes, depuis des générations a été difficile, combien elle est marquée par les douleurs, les répétitions, les élans d'amour interrompus. Nous observons aussi que lorsqu'un lien toxique est mis en lumière, confronté, conscientisé, l'amour enfoui, bloqué peut s'exprimer à nouveau, jaillir, circuler. Cet amour se manifeste par de l'attention à l'autre, de la compréhension de ses réalités, du respect de sa personne.

 

Cet article de Eduard et Judith Van den Bogaert nous dit de façon très pertinente combien il est essentiel que nous autres mères devenions conscientes de nos souffrances afin d' arrêter de les transmettre ; il est de notre responsabilité de clarifier notre histoire, la nôtre et celle dont nous avons hérité de nos ancêtres et de partager ces expériences avec nos filles, nos enfants, nos petits enfants pour qu'ils n'aient pas à reproduire les scénarios qui hantent nos arbres généalogiques. Les secrets, les non-dits sont plus toxiques que le partage des réalités, des douleurs, des incidents traumatiques, aussi douloureux, difficile soit-il.... et ce partage est un grand moment d'humanité.

 

je vous souhaite de belles compréhensions, prises de conscience, propices au changement.

 

Christiane Perreau

 

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De mères en filles pour devenir "Femmes"

E. et J. Van den Bogaert

 


 


 

 

Nous sommes les héritières de celles qui nous ont mises au monde et portées dans la vie.

C’est à travers notre mère que chacun de nos organes s'est constitué et a acquis sa fonction. Nous portons dans nos gènes certains de ses traits physiques, de ses traits de caractère et de ses dons ainsi que ceux de notre père et de nos aïeux.

Pour beaucoup d’entre nous, il reste encore à conscientiser que dans nos gènes se logent également les ressentis heureux et douloureux que chacun de nos aïeux a éprouvés face à des événements de vie familiale, sentimentale et professionnelle. Des ressentis qui ont fait naître en eux des croyances et des comportements que nous avons fait nôtres par le biais de la transmission du langage biologique, oral et corporel.

En d’autres mots, à travers la création de notre corps physique au sein de notre mère, nous nous sommes imbibées des forces et des faiblesses de nos parents tout autant que de celles de nos ancêtres paternels et maternels.

Si nous ne prenons pas conscience de ce qui nous a été transmis, ce sont nos ancêtres à travers nous qui dessinent les sillons de notre existence.

Il nous suffit d’observer notre vie et celle de notre mère pour découvrir que les problématiques que nous rencontrons sont bien souvent de la même tonalité que la sienne ou que celles des générations antérieures.

Certaines lignées de femmes semblent condamnées à être abusées, trahies ou révolutionnaires. D’autres lignées présentent les mêmes pathologies de mères en filles à des degrés divers .D’autres encore affichent les mêmes dons, les mêmes prédispositions aux réussites scolaires et professionnelles.

Ne dit-on pas dans le langage courant : « Elle est morte de la même maladie que sa mère », « Elles sont peintres de mères en filles », « C’est tout à fait sa mère… » ?

C’est en revisitant la vie des femmes de notre lignée que nous pouvons tracer notre arbre gynécologique.

Gyn signifie la femme, éco signifie maison et logique signifie logique. Nous pouvons donc traduire le mot gynécologique par : qu’est-ce qui n’est pas logique dans la maison de la femme ?

C’est à travers la découverte des problématiques que les femmes de notre lignée ont rencontrées que nous pouvons découvrir ce qui n’a pas été logique ou n’est toujours pas logique pour chacune d’entre elles au sein de leurs maisons, de leurs nids (familiaux, professionnels, ..).

Les problématiques propres aux femmes de notre lignée constituent la toile de fond de ce que nous vivons sur le plan sentimental, professionnel ou familial.

La variation se situe dans l’intensité et la forme des symptômes qui s’expriment à travers ces problématiques et dans la façon dont chaque femme se laisse affecter par le vécu de sa lignée. Chacune d’entre elles pouvant réagir de façon différente et créative ou de façon identique.

La vibration des mémoires qui sont transmises à travers les gènes et les cellules ne peut attirer que la même chose si elle n’est pas conscientisée et modifiée par la femme qui les porte dans son corps et les transmet.

Autrement dit, il est capital de faire l’état des lieux des problèmes rencontrés par la gente féminine au sein de sa lignée si nous voulons nous en libérer.

Si chaque mère pouvait mener des enquêtes au sein de son arbre et partager avec ses filles ce qu’elles ont besoin de savoir afin d’éviter les répétitions des femmes de leur lignée dans leur vie sexuelle, sentimentale, familiale et professionnelle, le monde se mettrait certainement à évoluer à pas de géant.

Le rôle des mères serait alors de prévenir leurs filles du contenu des mémoires qu’elles portent dans leurs gènes et des types de scénario qu’elles attireront peut-être, de ce fait, dans leur vie. Leur rôle serait de conscientiser leurs filles de la douleur vécue par ces femmes pour que leurs filles ne tentent pas d’expulser elles-mêmes cette douleur qui les encombre énergétiquement, émotionnellement et mentalement à travers leurs larmes ou des maladies.

L’arrivée des règles, événement biologique qui signe le passage de la femme petite fille à la jeune femme apte à porter la vie serait un moment opportun pour une fille d’entendre sa mère lui raconter son vécu, en tant que femme, épouse et mère.

Il s’agirait, somme toute, pour la mère d’accompagner l’arrivée des règles de sa fille par un rituel de transmission des connaissances qu’elle possède d’elle-même et de la vie des femmes de sa lignée. Un partage de paroles authentiques qui traduirait l’intimité de son vécu de femme dans ses différents rôles. Un échange réel qui aiderait chaque mère à laisser couler les joies, les tristesses, les colères et les peurs de son cœur vers l’océan au lieu de les garder enfermées dans les mémoires de ses cellules.

Il est tellement plus facile pour une fille de vivre différemment voire mieux que sa mère si elle reçoit une réelle autorisation de cette dernière pour y arriver.

Il est libérateur pour une jeune fille d’entendre sa mère lui expliquer ce qu’elle a dû apprendre pour pouvoir changer. Par cette transmission, la mère enseigne à sa fille qu’il est possible d’être créatrice de sa vie et lui donne ainsi la liberté d’apprendre ce qui lui sera nécessaire pour pouvoir changer et oser devenir elle-même à son tour.

En s’appuyant sur ce rituel, la mère consolide une dernière fois les bases de la future femme que sa fille va devenir et conscientise aussi que le moment est réellement venu de la laisser partir.

Aider nos filles à devenir elles-mêmes, c’est aussi leur permettre de se rendre compte que ce que nous leur avons transmis leur a permis de devenir ce qu’elles sont et qu’il leur revient à présent de se créer, de s’inventer et de faire mieux que nous et nos mères. C’est une façon de leur dire aussi que c’est à elles de trouver l’énergie d’aller de l’avant, que nous ne sommes plus là pour les orienter ou les forcer à avancer. Elles doivent à présent prendre leur vie en main car bientôt ce sera à leur tour d’orienter et pousser leurs propres enfants dans la vie.

Le temps est donc venu d’aider sa progéniture à se nourrir et à se soutenir par elle-même. Cela ne signifie pas que la mère n’a plus de mission à l’égard de sa fille. Sa mission devient autre.

Le moment est venu pour la mère de se transformer en femme solaire, en femme du monde et en future grand-mère. Son assistance doit se déplacer de sa fille vers elle-même, vers le monde et plus tard vers ses petits-enfants.

Ce rituel de bilan permet de conscientiser profondément que nos enfants sont notre prolongement et de se situer ainsi dans la dimension universelle de la vie.

C’est à travers eux que nous sommes devenus parents et qu’ils nous feront ou nous ont déjà fait devenir grands-parents, puis arrière-grands-parents. Nous leur avons donné la vie, nous les avons portés dans la vie et ils nous accompagneront vers la mort.

Effectuer un bilan, c’est aussi se rendre compte que nous n’avons peut-être pas reçu ce dont nous avions besoin de la part de notre propre mère pour pouvoir agir dans nos vies comme nous l’aurions rêvé.

C’est accepter de réaliser que nous avons été ou que nous avons eu une mère à tonalité absente, enfantine, tortionnaire, abusive ou étouffante et que chacune de ces tonalités a eu des conséquences qui ont pu être constructives ou destructives pour la descendance.

C’est également prendre conscience avec humilité que ce que nous avons transmis à nos enfants pour les aider à construire leurs fondements de sécurité était certes déjà meilleur que ce que nous avons reçu mais que ce n’était pas encore suffisant.

Sans rituel introspectif et de partage, la mère et la fille présentent une grande tendance à rester accrochées l’une à l’autre et à s’enchevêtrer dans des scénarios compliqués, douloureux et répétitifs de mère en fille.

Ces répétitions transgénérationnelles les empêchent alors d’évoluer et les poussent à se débattre sans cesse dans des méandres de vie compliqués.

Si nos mères avaient fait ce rituel de bilan et nous l’avaient partagé, nous aurions certainement gagné du temps. Nous aurions évité de remettre à jour des secrets et des non-dits à travers des répétitions transgénérationnelles au sein de nos relations sexuelles, sentimentales et professionnelles.

Même si nous n’avons pas eu cette chance en tant que fille, nous pouvons, dès à présent, mettre notre arbre gynécologique à jour en tant que mère ou en tant que femme.

Nous pouvons réaliser ce partage avec nous-mêmes ou avec nos propres filles et ce même si l’âge de leur puberté est totalement dépassé. Nous pouvons conscientiser auprès de nous-mêmes ou auprès d’elles que la répétition transgénérationnelle a frappé à travers nos scénarios de joie et de peine ou à travers les leurs.

Visiter l’arbre gynécologique, c’est prendre conscience de ce qui a touché notre mère et la mère de notre mère… au plus profond de leur chair, au plus profond de leur identité ; celle d’être des femmes sur terre. C’est se plonger dans la vie de ces femmes pour les entendre, les comprendre et nous libérer.

Qui étaient ces femmes ? Des victimes ? Des créatrices ? Des aventurières ? Des femmes perpétuellement déprimées qui ont répété l’histoire familiale, tenté de la réparer ou de la changer en apportant du nouveau ?

Qu’a dit leur corps quand elles ne savaient pas mettre des mots sur leur maux ? Est-ce leur vagin, leurs trompes, leurs ovaires, leur utérus ou leurs seins qui se sont mis à parler ? Vaginites, mycoses, fibrome, hystérectomie, kystes, cancer du sein…la liste des possibilités d’expression par des maux est longue.

La mémoire de nos ancêtres logée en nous peut même aller jusqu’à modeler nos formes, nous donner des gros seins ou des pépins de banane, des cuisses pleines de cellulite ou de peau de velours, une démarche de reine ou de cheval de labour.

En nous léguant leurs forces et leurs faiblesses, nos ancêtres nous ont également légué les terrains qui peuvent facilement donner vie à certaines répétitions et maladies.

Ces maladies comme ces événements peuvent devenir récidivants voir chroniques si nous ne découvrons pas notre histoire transgénérationnelle.

L'introspection est la manière la plus efficace par laquelle nous nous donnons toutes les chances d’assainir les terrains qui nous ont été transmis.

Sans ce travail sur vous-même et sur la famille, grand nombre de femmes et d’hommes restent dépendants de ce qui a pollué leurs terrains : secrets de famille, histoires d’amour illicites ou impossibles, pertes d’honneur, drames, abus, deuils en tout genre non réglés…

Au fur et à mesure que nous menons nos enquêtes sur ce qui n’a pas été logique dans la maison de ces femmes ( gyn-éco-logique) notre cœur s’ouvre et notre âme s’éveille.

Nous découvrons les origines de nos obstacles, de nos échecs, de nos peurs mais aussi de nos dons, de nos talents. En redonnant du sens à leur histoire et à la nôtre, nous rétablissons du lien, de la communication et de la souplesse. Les prises de conscience éclairent nos ombres et les dissipent. Nous nous délivrons de cette toile d’araignée dans laquelle nous étions ligotées et qui nous empêchait d’aller de l’avant librement.

Il ne s’agit pas de les juger, de les blâmer, de les rejeter mais de percevoir comment nous les prolongeons. Le but est de prendre notre place et de se dégager consciemment de la légende familiale.

Face aux drames, l’être humain a souvent le comportement de se taire. Il privilégie l'attitude de ne plus en parler jusqu'à parfois même finir par occulter.

Se taire ou ressasser quelque chose intérieurement n’a jamais fait disparaitre l’événement ni la souffrance vécus. Les plaies restent ouvertes dans l’inconscient et le pus douloureux rejaillira pour s’épurer à un moment ou un autre, soit dans la vie de la personne directement concernée, soit dans la vie d’un membre du clan qui porte la mémoire de ces blessures dans ses gènes et dont les événements de sa vie se mettent à raisonner avec ces souffrances bâillonnées.

Que nous le voulions ou non, nous portons nos mémoires ancestrales.

De ce fait, en nous prolongeant à travers nos enfants, nous transmettons ces mémoires ancestrales. Chacune d’entre nous sait qu’elle a tout autant été portée, qu’encombrée par l’histoire de sa mère, de son père et de leur lignée. Il en va de même pour nos filles à l’égard de ce qui constitue leur famille.

Nos rapports inconscients ou conscients avec nos ancêtres se marquent à travers les symptômes des répétitions.

Prendre conscience que les mémoires des ancêtres existent en nous, c’est aussi prendre conscience qu’il nous est impossible de les fuir et que tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre, elles surgiront dans nos vies ou dans la vie de notre descendance. Aussi longtemps que nous n’en prenons pas conscience, nous restons inconsciemment liées à elles et nous augmentons le risque d’être prises dans des scénarios douloureux.

Pour prendre plus encore conscience de la force sans précédent du transgénérationnel, il nous suffit d’observer comment l’impact des mémoires formées sous le patriarcat reste à l’œuvre dans nos vies.

Alors que le statut social des femmes a radicalement changé. Combien de couples n’ont pas vu après leur mariage ou leur premier enfant, les modèles du féminin et du masculin de leurs lignées remonter à la surface ?

Sans le vouloir, l’homme et la femme, devenus mari et femme, devenus père et mère se sont emboités dans leur propre modèle ancestral respectif. A leur insu, ils se sont mis à marcher sur les traces de leurs ancêtres, à des degrés divers, familialement, sentimentalement, amicalement et professionnellement.

Les progrès qu’il reste à faire sur les plans affectif et sexuel sont encore grands pour qui désire vivre une relation à l’autre épanouissante.

Les femmes ont créé une révolution et se sont surtout différenciées de leurs mère et grands-mères, d’un point de vue social. Une libération qu’elles ont gagnée par l’expression de la puissance de leur versant masculin.

A présent, il leur reste à aller à la rencontre de la puissance de leur versant féminin.

Il leur reste à ressentir l’amour profond qu’elles sont capables de nourrir vis-à-vis d’elles-mêmes, des autres et du monde. Il leur reste à découvrir la puissance que renferme la capacité à être tendre, douce, réceptive et intuitive, à s’arrêter pour se laisser traverser par le flux de la vie, ouvertes à l’imprévu, à l’inconnu, au respect pour elles-mêmes et pour les autres au sein de leurs relations. C’est alors qu’elles se reconnaitront pleinement femmes et que les souffrances qu’elles portent en elles depuis des générations s’évanouiront.

Devenir conscient, c’est se permettre de trouver un bâton pour arrêter cette roue incessante et s’ouvrir à autre chose de plus beau, de plus grand, de plus porteur pour notre vie.

Notre civilisation a perdu le sens de l’importance de la mémoire des ancêtres, il nous revient de raviver cette importance et de conscientiser que le lien aux ancêtres, qu’ils soient morts ou vivants, est permanent.

Aujourd’hui encore, il y a des mères qui, par peur, pudeur, orgueil, jalousie ou encore pour des raisons qu’elles ignorent elles-mêmes préfèrent se taire et observer les conséquences ou les répétitions à travers la vie de leurs filles. Mais il existe aussi de nombreuses femmes qui sont prêtes à mettre leur douleur en lumière et contribuer ainsi à insuffler plus de légèreté, de joie et de douceur dans la vie sexuelle, sentimentale et familiale de leurs filles ou de leurs nièces.

Comprendre que nos difficultés ne nous appartiennent pas en propre, que ces mémoires de joie et de douleur passent à travers nous et ne sont pas véritablement à nous, permet de prendre son corps, son cœur et son mental en main pour découvrir, évacuer ou recycler ce qui va nous propulser ou nous freiner dans la réalisation de nos rêves de cœur.

Pour pouvoir accueillir une nouvelle image de soi et changer notre état d’esprit, il nous revient avant tout de reconnaitre et d’accepter que nous n’avons pas pu nous construire sur des modèles de femmes et d’hommes pleinement ouverts à l’abondance de la vie. C'est un travail de renaissance auquel nous devrons veiller chaque jour.

Comme disait Simone de Beauvoir : « On ne nait pas femme, on le devient. »

Nous avons toutes hérité d’un patrimoine familial psychologique pathologique. A nous de savoir si nous voulons continuer à le transmettre ou si nous sommes prêtes à faire le bilan pour passer de notre rôle de mère à celui de femme solaire. Nous pourrons ainsi aider nos filles à devenir des femmes plus rayonnantes dans leur vie sexuelle, sentimentale et professionnelle que ce que nous avons été ou sommes encore.

Longue et Belle Vie à Vous

Eduard et Judith Van den Bogaert

http://www.evidences.be

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