Ce qui nous rend malades - les 3 dynamiques (fin)
· Expier
Dans la 3ème dynamique, la personne expie pour une faute qu’elle a commise ou pour un méfait que quelqu’un du système a commis : meurtre, suicide, accident, maladies graves, argent mal acquis, déshériter un membre de son système. Mais cela peut se produire chez des parents qui ont avorté et se font « payer » un tel acte alors qu’en apparence ils se disent en accord avec leur décision. Des personnes qui ont rejeté leurs parents peuvent aussi être piégées par cette dynamique et tomber gravement malades. Dans certains cas de cancer, nous pouvons l’observer.
Expier revient alors à se limiter dans l’existence, à être malade, à se sacrifier.
L’enfant est alors sous l’influence de la pensée magique qui lui fait croire qu’en mourant, la faute va être réparée, qu’en étant malade l’autre va guérir ou pardonner. Cette pensée magique dit que la souffrance de l’un va être compensée par la souffrance d’un autre. C’est un leurre !!! Un malheur n’est pas arrêté par un autre malheur et encore moins intégré. Bien au contraire. Cela ne fait qu’amplifier l’inconscience, le refoulement, la souffrance d’un système.
Comme pour les autres dynamiques, il s’agira que la personne se confronte à la réalité :
1. elle va devoir regarder en face ceux à qui elle a causé du tort et prendre responsabilité pour ses actes « ce que j’ai fait est grave et j’assume les torts que je t’ai causés ou je t’ai ôté la vie ou je ne t’ai pas permis de naître » suivant les circonstances. Des phrases comme « je regrette, je n’avais pas conscience que mon acte aurait de telles conséquences » vont faciliter le dénouement ainsi que l’expression des émotions comme le chagrin, la tristesse.
2. s’il s’agit d’une interruption de grossesse, les parents sont invités à reconnaître leur enfant et lui rendre hommage. « tu es notre enfant et tu peux nous avoir comme mère, comme père ; tu as une place dans notre cœur »
3. s’il s’agit du rejet d’un parent, nous devrons mettre en évidence les circonstances qui ont amené cette problématique. Certains enfants vivent dans des conditions extrêmement difficiles (maltraitance physique et psychique, conditions de survie extrêmement précaires, alcool, drogue, abus sexuel) et il est compréhensible qu’ils ne puissent honorer leurs parents. Il faut alors amener le parent à reconnaître les faits tout en lui donnant du soutien et permettre à l’enfant, par exemple, de prendre conscience qu’il a tant de haine qu’il ne peut rien prendre de son père ou de sa mère.
4. Dans certains cas l’enfant ne pourra que dire « tu m’as donné l’essentiel, la vie et pour ce qui m’a manqué, je m’en occupe ». L’objectif étant que la personne sorte de l’intrication et trouve une autre voie qu’expier, se punir pour témoigner de sa fidélité à son clan.
5. La personne prendra alors conscience que sacrifier son existence amenuise la force du système. Elle verra que suivre dans la mort celui qui a été tué sous ses yeux dans un accident affaiblit la personne, révolte même certains morts qui veulent que la malédiction cesse……
Nous pouvons dire que ce qui déclenche ces trois dynamiques est une forme d’amour, celui d’un petit enfant qui n’a pas encore suffisamment de raison pour discerner ce qui accroît ou diminue le malheur. Pris dans ces dynamiques, il est aveuglé et certain que ses actes sont justes tant qu’il n’aura pas pris conscience de l’aberration dans laquelle il est ; il croit que c’est la seule issue.
La constellation, par la confrontation à ce qui est, va amener un changement de point de vue. Soudain la personne voit la distorsion et son système de croyances est alors ébranlé. Elle sort de sa transe hypnotique, de l’illusion,. Certainement qu’il y aura encore du travail à faire, mais elle réalise en voyant le déroulement de sa constellation et de celles d’autrui, qu’il y a un autre chemin pour aimer que de vouloir sauver l’autre ou mourir avec l’autre ou se punir pour réparer une faute. Une autre stratégie que la souffrance devient possible, une stratégie où chacun prend responsabilité pour ses actes, où chacun est à sa place ce qui fait croître l’affinité dans la famille.
Dans les faits, rien n’est changé ; une tante est morte en couches, une mère a avorté, un père a eu un accident, un oncle est mort jeune à la guerre, un fils s’est suicidé. Ce qui a changé, c’est la façon de voir, d’interpréter, de conceptualiser. Et ce qui a permis ce changement, c’est la confrontation aux faits, c’est-à-dire faire face à la douleur et l’accueillir au lieu de la refouler, la nier. Cela permet une réévaluation de nos croyances, décisions, interprétations et impulse une nouvelle orientation porteuse de guérison, de plénitude, de libération. Quelle leçon de vie !
Christiane Perreau