Ce qui nous rend malades - les 3 dynamiques (3ème partie)
· Plutôt moi que toi
Quand quelqu’un est pris dans la dynamique « je te suis » vis à vis d’un parent mort de maladie, par accident ou vis à vis d’un de ses propres enfants, mort à la naissance, avorté ou qui s’est suicidé, un enfant vivant dira « je pars à ta place, je suis malade pour toi ». Cela peut aussi se produire avec un conjoint malade, en danger ; l’autre dit «plutôt moi que toi» pour sauver son compagnon.
Tout comme pour la première dynamique, il s’agit d’amener la personne à prendre conscience de ce qui la fait agir, ce qui la détermine. L’enfant est conduit à faire face sa mère afin qu’il communique son intention de mourir, en le regardant bien dans les yeux, sans bouger mentalement, en disant « je pars à ta place». L’enfant voit alors une mère se redresser, se réveiller de sa propre transe et protester ce qui va amorcer le processus de désillusion. Il voit qu’il fait souffrir sa mère par exemple, il voit que le parent ou le frère ou la sœur ne veut pas qu’un des siens meure à sa place, même par amour. Ce serait un gâchis supplémentaire qui ajouterait du malheur au malheur.
Il est fondamental que le constellant garde les yeux ouverts et regarde vraiment. Souvent il y a des résistances à faire face à ce qui se montre dans une constellation, à changer son point de vue. Si la personne ferme les yeux, elle reste dans le passé, dans la réalité qu’elle a construite « maman est faible, je dois la sauver, papa va mourir je vais mourir à sa place » et ne voit pas la réalité qui se révèle sous ses yeux, là et maintenant. Elle est prisonnière de sa transe, de ses illusions, de son aveuglement et ne pourra pas prendre conscience que d’autres stratégies de survie, meilleures, sont possibles.
Pour rendre plus réelle la dynamique, il est nécessaire d’introduire la personne que le parent suit ; cela va désamorcer alors la dynamique « plutôt moi que toi ».
Ces deux dynamiques s’imbriquent l’une dans l’autre et cela peut aller jusqu’à 4/5 générations. Les arrêter n’est pas toujours chose facile. Car faire quelque chose pour l’autre nous donne bonne conscience et renforce notre sentiment d’appartenir au clan. Arrêter de vouloir sauver l’autre nous donne mauvaise conscience et nous fait craindre d’être rejeté par le clan. L’important est de mettre en évidence qu’il y a d’autres stratégies de survie possibles que la mort, la maladie et que le système s’en trouve fortifié. La constellation montre que ce qui soulage un système, c’est que chacun vive pleinement son destin, en accord avec ses propres intentions et non celles d’autrui.
Le contraire est la voie de l’aberration, de l’inconscience, de la souffrance. Ainsi la constellation nous met face à nos responsabilités, nos choix ; tant que nous sommes pris dans une dynamique, nous avons peu de choix. Le système déséquilibré agit tel « un rouleau compresseur » qui nous pousse vers plus de désordre. Mais la prise de conscience amène des changements de point de vue. Et le plus grand changement que puisse expérimenter une personne est que mourir pour quelqu’un, même par amour, n’est que sacrifice ou
ou expiation et n’engendre que douleur.
(à suivre)
Christiane Perreau