Ce qui met en péril une relation de couple (3ème partie)
Amour et respect
La responsabilité pourrait facilement dégénérer en domination et possessivité
s’il n’y avait une troisième composante de l’amour : le respect.
Le respect n’est ni peur ni crainte révérencieuse ;
il signifie conformément à la racine du mot (respicere = regarder),
la capacité de percevoir une personne telle qu’elle est,
d’être conscient de son individualité unique.
C’est avoir souci que l’autre personne puisse croître
et s’épanouir à partir de son propre fonds.
En ce sens le respect s’avère incompatible avec l’exploitation.
Je désire que la personne aimée croisse et s’épanouisse
selon ses propres intérêts et par ses propres voies,
et non dans le but de me servir.
Si j’aime l’autre personne, je me sens un avec elle,
mais elle est telle qu’elle est,
non telle que j’ai besoin
qu’elle soit en tant qu’objet pour mon usage.
Il est clair que le respect n’est possible
que si j’ai atteint l’indépendance,
si je puis me tenir debout
et marcher sans avoir besoin de béquilles,
sans avoir à dominer et exploiter quelqu’un d’autre.
Il n’y a de respect que fondé sur la liberté...
l’amour est l’enfant de la liberté, jamais de la domination.
L’art d’aimer - Erich Fromm
Le principe d’appartenance
Le fait de naître dans une famille donne un droit d’appartenance au même titre que tous les autres membres du système, et cela pour toujours, sans distinction d’aucune sorte ; ainsi que nous devenions riches ou pauvres, malades, handicapés, fous, malfaiteurs, criminels, que nous partions à l’étranger, que nous vivions avec un partenaire de couleur, de race, de religion différentes ou du même sexe, nous appartenons pour toujours à ce système d’origine.
Et lorsque nous créons notre propre système (un couple), nous allons aussi appartenir au système de l’autre. Et si nous rejetons quelque chose ou quelqu’un de ce système, cela va blesser l’ordre et mettre en danger la relation de couple. Une jeune femme qui exclut sa belle famille, un homme qui interdit à ses enfants de voir leur grand mère maternelle, un grand père paternel qui rejette ses petits fils, sous quelque prétexte que ce soit, vont créer une perturbation importante dans le système qui sera compensée par les enfants qui représenteront d’une manière ou d’une autre l’exclu.
Nous pouvons aussi violer ce principe d’appartenance lorsque nous renions nos ex-compagnons, que ce soit en les critiquant, en leur interdisant l’accès de notre nouvelle maison ou en les accusant de pires maux afin de couper les enfants d’eux, en gardant une rancune impitoyable à leur égard.
Dès que quelqu’un est rejeté, ignoré, dénigré, les enfants (les derniers arrivés dans le système) prennent partie pour lui ou elle. Ils vont tenter, à n'importe quel prix , de compléter le système, de maintenir un certain équilibre. Le système est plus fort en terme de survie et a la priorité sur l’individu et particulièrement les enfants qui ne peuvent faire face (confronter) une telle pression. Ils n’ont pas les aptitudes leur permettant de rester en dehors des déséquilibres de leur clan. Ainsi des enfants vont manifester des symptômes tels que difficultés scolaires, problèmes de santé, comportements agressifs, hyperactivité ou repli sur soi, addiction en souvenir des oubliés, des rejetés, des maudits.
Il est donc important dans un couple d’inclure, de respecter le système de l’autre, sans le juger, car toute critique, tout rejet porte atteinte au partenaire et donc système en construction. C’est une attitude intérieure ; cela ne veut pas dire qu’il faille prendre les schémas de l’autre système ou se contraindre à des fréquentations pénibles qui sont en désaccord avec nos intentions ou valeurs ; il s’agit plutôt de reconnaître cet autre système, aussi différent soit-il et de lui donner une place dans notre conscience, avec respect.
Ce serait tendre vers une attitude d’équanimité au lieu d’évaluer ou d’exclure. Car pour refuser le droit d’appartenance à quelqu’un, il faut bien qu’il y ait évaluation, invalidation, considérations méprisantes, teintées de supériorité (il vaut moins que nous, ce n’est pas un mari à la hauteur de ma fille, ce ne sont que des paysans, des émigrés....). Cela demande à chacun d'augmenter son niveau de conscience et de responsabilité et c'est un long chemin....
(à suivre)
Christiane Perreau