Ce qui met en péril une relation de couple (2ème partie)
Les relations de couple au vu des ordres de l’amour
Dans un livre intitulé L’Amour de l’Esprit (paru en allemand), Bert Hellinger évoque ces ordres en ces termes :
“Il s’agit d’une science universelle des ordres qui régissent les relations humaines, d’abord dans la famille - donc les relations entre l’homme et la femme, puis entre les parents et les enfants - y compris dans leur éducation. Cela conduit aux règles qui agissent dans le travail, dans la profession, dans les organisations, jusqu’aux règles dans des groupes plus larges, comme par exemple les peuples et les cultures». (1)
Cette compréhension s’appuie notamment sur la philosophie chinoise du YI King, “Le livre des transformations, des métamorphoses et mouvements” qui dit au chapitre 37
“La famille manifeste les lois qui règnent à l’intérieur de la maison, lois qui, appliquées au monde extérieur, maintiennent également en ordre la cité et l’Univers.
… 3 des 5 relations sociales ont leur place à l’intérieur de la famille. Celle des parents et des enfants, c’est l’Amour. Celle de l’homme et de la femme, c’est l’équilibre. Celle de l'aîné et du cadet, c’est le rang.
… La famille est la cellule initiale de la société. De telle sorte que dans un cercle étroit, se trouvent créées les bases à partir desquelles ces principes seront ensuite appliqués aux relations humaines en général. La famille doit constituer une unité nettement définie, à l’intérieur de laquelle chacun des membres connait sa place.
L’homme et la femme se conforment aux grandes lois de la nature en prenant leur juste place. Quand le père est vraiment père et le fils vraiment fils, quand le frère aîné tient comme il faut sa place de frère aîné et le cadet, celle du cadet, quand l’époux est vraiment époux et l’épouse vraiment épouse, alors la famille est en ordre. Lorsque la famille est en ordre, toutes les relations sociales de l’humanité s’ordonnent à leur tour. “ (2)
Ainsi cette sagesse ancestrale peut-elle être vérifiée dans le travail de constellation où, pour restaurer l’équilibre d’un système, nous allons d’abord devoir mettre en évidence comment sont violés les principes fondamentaux qui assurent une bonne survie à un système.
S’accorder à ce qui est ou principe de réalité
Il est très difficile pour chacun d’entre nous de consentir à ce qui est, sans vouloir le changer, sans s’y opposer, sans dénier, sans résister. Nous avons survécu par la résistance, le déni et le refoulement, ne pouvant faire face à ce qui est ; il est alors difficile d’ accueillir la réalité telle qu’elle se présente sans réagir, en en faisant une expérience totale. Nos conditionnements et notamment nos réflexes de survie nous amènent à bloquer, repousser les expériences indésirables ce qui fait qu’elles restent inachevées, constituant une zone d’inconscience qui accapare sans cesse notre attention. Ces expériences non abouties, bien que passées restent dans notre présent et déterminent notre futur. Et la vie de couple n’échappe pas à cette règle...
Ces expériences douloureuses limitent nos capacités à être nous-mêmes, entravent la compréhension et l’affinité que nous avons pour nous mêmes ce qui n’aide pas à comprendre la réalité de l’autre et à gérer une relation sainement.
L’autre est perçu à travers ces “filtres traumatiques” et donc sa réalité ne peut qu’en être déformée ; elle ne peut être vue avec neutralité et empathie ce qui est source de désaccords, d’incompréhensions, de perturbations.
Nous sommes loin d’être conscients de l’impact de nos blessures sur nos comportements; nous ignorons que nous avons pris des décisions dans notre enfance (je vais me débrouiller seule, les hommes ne sont pas fiables, les femmes sont étouffantes) ; ces décisions, nous les avons érigées en lois implacables qui, tant qu’ elles ne sont pas conscientisées, déchargées, restent actives dans une relation de couple. Ces incidents, ces blessures ont, par ailleurs, souvent une racine transgénérationnelle qui ne fait que renforcer notre incapacité à faire face à ce qui est. Si plusieurs générations de femmes ont considéré l’homme comme dangereux, il sera difficile de voir un homme tel qu’il est, sans arrière plans.
Une des conditions idéales pour être en couple serait de prendre l’autre tel qu’il est, avec toute son histoire et son système d’origine (famille, pays, religion, valeurs). Or, il semble difficile de réaliser ce niveau d’acceptation, par manque de maturité émotionnelle et spirituelle. Nos premières relations de couple sont trop souvent le prolongement de notre adolescence où nous ignorons qui nous sommes, ce qui nous détermine.
Nous pouvons voir que nous avons la fâcheuse tendance à vouloir changer l’autre pour qu’il corresponde à l’image idéale que nous avons du partenaire, image fondée sur nos expériences d’enfants, qu’elles soient teintées de manque d’attention et/ou de nostalgie d’un état symbiotique.
Quelle femme n’a jamais souhaité changer son compagnon ? Simplement sa façon de s’habiller ou même de parler ou de se tenir !! Ou bien qu’il change ses façons de faire avec les enfants, ayant la considération qu’elle sait mieux que lui comment éduquer, aimer les enfants !!! Ou alors qu’il fasse une thérapie, du yoga ou de la méditation comme elle !!!
D’un autre côté, certains hommes sont désemparés devant leurs femmes qui ne restent pas celles qu’ils ont connues lors de leurs premières rencontres, car elles ont entrepris un travail thérapeutique, une démarche spirituelle, trouver leur épanouissement dans un travail passionnant !!
Qui n’a jamais dit à son partenaire ou sa partenaire qu’il ou elle n’est pas comme il ou elle voudrait ? Ce n’est pas toujours dit avec autant de clarté mais de façon déguisée, cachée......
Ou bien un des partenaires refuse d’entendre parler de la famille de l’autre, de sa religion ou critique certaines de ses valeurs, ses façons de faire (cela peut être très simple comme la gestion des courses, la façon de préparer à manger), ses croyances, son pays d’origine. Même si ce sont des petites choses (qui se répètent), elles vont créer des brèches dans l’affinité qui seront d’autant plus conséquentes lorsque la communication manque de fluidité, de solidité. Communiquer est un art qui demande un niveau de conscience, de présence qu’il est facile de perdre lors de désaccords. Or, lorsque nous ne pouvons plus comprendre les réalités de l’autre, la relation et la complicité s’amenuisent.
En fait, ces impossibilités à accepter l’autre et sa réalité telle qu’elle est jouent comme des exclusions. Or l’exclusion est l’ennemie de l’amour et blesse profondément l’ordre systémique. Le système ne supporte pas l’exclusion. Et dès qu’il y a exclusion, il y a risque que quelqu’un (un enfant, un partenaire) tente de rétablir l’équilibre en prenant la place de l’exclu ou en représentant un comportement, une émotion de l’exclu.
Cela ne veut pas dire que nous devons être en accord avec tout ce que l’autre est ou fait ou dit. Cela veut dire que pour faire croître une relation, nous devons respecter l’autre dans sa totalité et le prendre comme il est, sans intention de le changer. Et faire la part de ce qui nous appartient : notre histoire, nos évaluations, nos attentes, nos projections. Sinon nous rentrons dans un monde de confusion, de disharmonie qui va à l’encontre de nos intentions premières. Créer un couple part d’une intention d’harmonie, de complicité, d’estime, de communion.
En reconnaissant ce qui est, nous retrouvons notre liberté d’action de façon rationnelle, claire alors qu’en voulant changer ce qui ne peut être changé, nous nous nuisons et nuisons à l’autre ce qui est de mauvaise survie pour le système tout entier. Vouloir changer l’autre (son système, ses parents, ce qu’il est) nous fixe dans une dépendance affective, émotionnelle. Vouloir changer l’autre, que ce soit un partenaire, un enfant, un parent, c’est une prise de pouvoir sur l’autre. C’est oublier qu’il est un être à part entière qui a la capacité à se responsabiliser, à s’auto-déterminer et à croître dans son propre devenir.
Comprendre que notre partenaire a son histoire, sa zone d’inconscience et de souffrance qui le limitent et le font réagir permet de ne pas en faire une affaire personnelle. Comprendre que le partenaire est confronté à ses ombres, ses identifications inconscientes permet de retrouver de la distance et de maintenir une relation agréable avec l’être aimé.
Il s’agit de développer, chacun, notre conscience personnelle, de s’engager chacun sur un chemin de transformation de soi où nous pouvons agir et changer nos habitudes, nos modes réactifs, transmuter nos souffrances et retrouver notre propre puissance ainsi que notre libre arbitre. Alors, nous pouvons mieux choisir, en fonction de qui nous sommes, avec qui nous voulons créer une relation et comment la créer. Et nous aurons moins le désir de changer l’autre !!!
(à suivre)
Vous pouvez partager quelques unes de vos expériences concernant ce thème si vous le souhaitez
en adressant un courriel à jenous@free.fr ; je les publierais si vous m'y autorisez.
Christiane Perreau
Bibliographie
(1) (2) ces informations m'ont été transmises par Coline d'Aubret, Présiente de la Fédération des Constellations Familiales et Systémiques (Libre Université du Samadeva) et sont issues d'une conférence donnée par Idris Lahore lors du congrès Sagesse et Corps d'octobre 2008 www.constellations-lahore.com
Dans un livre intitulé L’Amour de l’Esprit (paru en allemand), Bert Hellinger évoque ces ordres en ces termes :
“Il s’agit d’une science universelle des ordres qui régissent les relations humaines, d’abord dans la famille - donc les relations entre l’homme et la femme, puis entre les parents et les enfants - y compris dans leur éducation. Cela conduit aux règles qui agissent dans le travail, dans la profession, dans les organisations, jusqu’aux règles dans des groupes plus larges, comme par exemple les peuples et les cultures». (1)
Cette compréhension s’appuie notamment sur la philosophie chinoise du YI King, “Le livre des transformations, des métamorphoses et mouvements” qui dit au chapitre 37
“La famille manifeste les lois qui règnent à l’intérieur de la maison, lois qui, appliquées au monde extérieur, maintiennent également en ordre la cité et l’Univers.
… 3 des 5 relations sociales ont leur place à l’intérieur de la famille. Celle des parents et des enfants, c’est l’Amour. Celle de l’homme et de la femme, c’est l’équilibre. Celle de l'aîné et du cadet, c’est le rang.
… La famille est la cellule initiale de la société. De telle sorte que dans un cercle étroit, se trouvent créées les bases à partir desquelles ces principes seront ensuite appliqués aux relations humaines en général. La famille doit constituer une unité nettement définie, à l’intérieur de laquelle chacun des membres connait sa place.
L’homme et la femme se conforment aux grandes lois de la nature en prenant leur juste place. Quand le père est vraiment père et le fils vraiment fils, quand le frère aîné tient comme il faut sa place de frère aîné et le cadet, celle du cadet, quand l’époux est vraiment époux et l’épouse vraiment épouse, alors la famille est en ordre. Lorsque la famille est en ordre, toutes les relations sociales de l’humanité s’ordonnent à leur tour. “ (2)
Ainsi cette sagesse ancestrale peut-elle être vérifiée dans le travail de constellation où, pour restaurer l’équilibre d’un système, nous allons d’abord devoir mettre en évidence comment sont violés les principes fondamentaux qui assurent une bonne survie à un système.
S’accorder à ce qui est ou principe de réalité
Il est très difficile pour chacun d’entre nous de consentir à ce qui est, sans vouloir le changer, sans s’y opposer, sans dénier, sans résister. Nous avons survécu par la résistance, le déni et le refoulement, ne pouvant faire face à ce qui est ; il est alors difficile d’ accueillir la réalité telle qu’elle se présente sans réagir, en en faisant une expérience totale. Nos conditionnements et notamment nos réflexes de survie nous amènent à bloquer, repousser les expériences indésirables ce qui fait qu’elles restent inachevées, constituant une zone d’inconscience qui accapare sans cesse notre attention. Ces expériences non abouties, bien que passées restent dans notre présent et déterminent notre futur. Et la vie de couple n’échappe pas à cette règle...
Ces expériences douloureuses limitent nos capacités à être nous-mêmes, entravent la compréhension et l’affinité que nous avons pour nous mêmes ce qui n’aide pas à comprendre la réalité de l’autre et à gérer une relation sainement.
L’autre est perçu à travers ces “filtres traumatiques” et donc sa réalité ne peut qu’en être déformée ; elle ne peut être vue avec neutralité et empathie ce qui est source de désaccords, d’incompréhensions, de perturbations.
Nous sommes loin d’être conscients de l’impact de nos blessures sur nos comportements; nous ignorons que nous avons pris des décisions dans notre enfance (je vais me débrouiller seule, les hommes ne sont pas fiables, les femmes sont étouffantes) ; ces décisions, nous les avons érigées en lois implacables qui, tant qu’ elles ne sont pas conscientisées, déchargées, restent actives dans une relation de couple. Ces incidents, ces blessures ont, par ailleurs, souvent une racine transgénérationnelle qui ne fait que renforcer notre incapacité à faire face à ce qui est. Si plusieurs générations de femmes ont considéré l’homme comme dangereux, il sera difficile de voir un homme tel qu’il est, sans arrière plans.
Une des conditions idéales pour être en couple serait de prendre l’autre tel qu’il est, avec toute son histoire et son système d’origine (famille, pays, religion, valeurs). Or, il semble difficile de réaliser ce niveau d’acceptation, par manque de maturité émotionnelle et spirituelle. Nos premières relations de couple sont trop souvent le prolongement de notre adolescence où nous ignorons qui nous sommes, ce qui nous détermine.
Nous pouvons voir que nous avons la fâcheuse tendance à vouloir changer l’autre pour qu’il corresponde à l’image idéale que nous avons du partenaire, image fondée sur nos expériences d’enfants, qu’elles soient teintées de manque d’attention et/ou de nostalgie d’un état symbiotique.
Quelle femme n’a jamais souhaité changer son compagnon ? Simplement sa façon de s’habiller ou même de parler ou de se tenir !! Ou bien qu’il change ses façons de faire avec les enfants, ayant la considération qu’elle sait mieux que lui comment éduquer, aimer les enfants !!! Ou alors qu’il fasse une thérapie, du yoga ou de la méditation comme elle !!!
D’un autre côté, certains hommes sont désemparés devant leurs femmes qui ne restent pas celles qu’ils ont connues lors de leurs premières rencontres, car elles ont entrepris un travail thérapeutique, une démarche spirituelle, trouver leur épanouissement dans un travail passionnant !!
Qui n’a jamais dit à son partenaire ou sa partenaire qu’il ou elle n’est pas comme il ou elle voudrait ? Ce n’est pas toujours dit avec autant de clarté mais de façon déguisée, cachée......
Ou bien un des partenaires refuse d’entendre parler de la famille de l’autre, de sa religion ou critique certaines de ses valeurs, ses façons de faire (cela peut être très simple comme la gestion des courses, la façon de préparer à manger), ses croyances, son pays d’origine. Même si ce sont des petites choses (qui se répètent), elles vont créer des brèches dans l’affinité qui seront d’autant plus conséquentes lorsque la communication manque de fluidité, de solidité. Communiquer est un art qui demande un niveau de conscience, de présence qu’il est facile de perdre lors de désaccords. Or, lorsque nous ne pouvons plus comprendre les réalités de l’autre, la relation et la complicité s’amenuisent.
En fait, ces impossibilités à accepter l’autre et sa réalité telle qu’elle est jouent comme des exclusions. Or l’exclusion est l’ennemie de l’amour et blesse profondément l’ordre systémique. Le système ne supporte pas l’exclusion. Et dès qu’il y a exclusion, il y a risque que quelqu’un (un enfant, un partenaire) tente de rétablir l’équilibre en prenant la place de l’exclu ou en représentant un comportement, une émotion de l’exclu.
Cela ne veut pas dire que nous devons être en accord avec tout ce que l’autre est ou fait ou dit. Cela veut dire que pour faire croître une relation, nous devons respecter l’autre dans sa totalité et le prendre comme il est, sans intention de le changer. Et faire la part de ce qui nous appartient : notre histoire, nos évaluations, nos attentes, nos projections. Sinon nous rentrons dans un monde de confusion, de disharmonie qui va à l’encontre de nos intentions premières. Créer un couple part d’une intention d’harmonie, de complicité, d’estime, de communion.
En reconnaissant ce qui est, nous retrouvons notre liberté d’action de façon rationnelle, claire alors qu’en voulant changer ce qui ne peut être changé, nous nous nuisons et nuisons à l’autre ce qui est de mauvaise survie pour le système tout entier. Vouloir changer l’autre (son système, ses parents, ce qu’il est) nous fixe dans une dépendance affective, émotionnelle. Vouloir changer l’autre, que ce soit un partenaire, un enfant, un parent, c’est une prise de pouvoir sur l’autre. C’est oublier qu’il est un être à part entière qui a la capacité à se responsabiliser, à s’auto-déterminer et à croître dans son propre devenir.
Comprendre que notre partenaire a son histoire, sa zone d’inconscience et de souffrance qui le limitent et le font réagir permet de ne pas en faire une affaire personnelle. Comprendre que le partenaire est confronté à ses ombres, ses identifications inconscientes permet de retrouver de la distance et de maintenir une relation agréable avec l’être aimé.
Il s’agit de développer, chacun, notre conscience personnelle, de s’engager chacun sur un chemin de transformation de soi où nous pouvons agir et changer nos habitudes, nos modes réactifs, transmuter nos souffrances et retrouver notre propre puissance ainsi que notre libre arbitre. Alors, nous pouvons mieux choisir, en fonction de qui nous sommes, avec qui nous voulons créer une relation et comment la créer. Et nous aurons moins le désir de changer l’autre !!!
(à suivre)
Vous pouvez partager quelques unes de vos expériences concernant ce thème si vous le souhaitez
en adressant un courriel à jenous@free.fr ; je les publierais si vous m'y autorisez.
Christiane Perreau
Bibliographie
(1) (2) ces informations m'ont été transmises par Coline d'Aubret, Présiente de la Fédération des Constellations Familiales et Systémiques (Libre Université du Samadeva) et sont issues d'une conférence donnée par Idris Lahore lors du congrès Sagesse et Corps d'octobre 2008 www.constellations-lahore.com