Témoignage de Jean-Luc suite aux stages d'été
Cet été j'ai opté pour des stages résidentiels et de longue durée dans l'optique que cette immersion totale permette d'entreprendre une démarche approfondie dans un cadre protégé où l'intégration des nombreuses dimensions qui se montrent soit facillitée. Ainsi Brigitte Asselineau et moi-même avons animé un stage sur le mouvement interompu appelé "prendre père et mère" pendant 6 jours et j'ai donné un stage de constellations familiales et systémiques de 4 jours.
Afin de vous faire partager quelques expériences, la reprise des articles sera consacrée à quelques témoignages qui paraîtront soit sous cette forme, soit dans la rubrique "page" sous l'item "témoignages" afin que ces données restent intéressantes et non submergeantes.
Voici donc le premier article, avec quelques commentaires, consacré exclusivement au travail de Jean-Luc qui a poursuivi l'intégration de son travail en faisant un compte rendu des 2 constellations qu'il a vécues. Merci encore à Jean-Luc pour le beau travail effectué et partagé.
cp
Je découvre avec beaucoup de surprise que ma mère sait qu'elle n'a pas fait ce qu'il fallait pour m'élever comme un petit garçon.
Mon représentant éprouve une hargne et une rage folle contre elle, et se détache de tout pour ne rien ressentir. Il exprime ensuite, que la colère qu'il éprouve pour ma mère, est en fait de l'amour qu'il n'a pu donner.
J'éprouve une vive douleur au cœur, comme s'il était fendu !
On découvre que dans sa jeunesse, elle a été amoureuse de quelqu'un de plus âgé qu'elle. Mais cet homme souhaitait une relation d'amitié, la considérant comme beaucoup trop jeune ( peut-être 14 ans). Ma mère a été cruellement blessée qu'il ne voit pas sa richesse, elle même se sentant du même niveau. Son amour est resté platonique. Cet homme, ami de la famille, a préféré rester fidèle à la famille plutôt qu'à elle. Alors qu'il représentait la liberté pour elle.
N'ayant pu investir cet amour dans son mari (révolte contre les hommes), elle l'a reporté sur moi. J'ai été élevé comme son amour platonique! (castré !)
Elle savait le tort qu'elle me faisait, mais si elle ne me gardait pas, elle serait morte de chagrin.
Elle se rend compte qu'elle a été avec moi comme son amoureux. Elle a conscience de m'avoir planté un poignard dans le dos.
Lors du travail on dés-identifie mon représentant de l'amoureux, ce dernier reconnaissant sa lâcheté.
Le représentant s'est senti trompé, nié dans son corps, celui-ci n'ayant pas d'importance dans une relation platonique.
Je vois où je me suis mal construit, cette recherche fusionnelle était en fait ma mort, alors que pour moi c'était une recherche vitale.
Commentaire de Christiane : la dynamique des premiers partenaires
Quand un homme ou une femme connaissent un premier amour qui ne peut aboutir pour diverses raisons, ( les parents s’opposent à cette relation, l’un des amoureux se lasse, découvre que cette relation ne correspond pas à ses intentions, l’un des amoureux part à la guerre ou s’expatrie, va faire des études à l’étranger ou tombe malade ou meurt), ce mouvement d’amour reste souvent inachevé.
Des sentiments, des émotions ne sont pas exprimés, des mots, des pensées sont tus, créant incompréhension et confusion. Cela va bloquer la personne dans cette unité de temps, dans cette phase de son existence.
Les premiers amours ont une force que n’ont pas les suivants ; l’attachement, le lien à l’autre est plus marqué, ce qui ne veut pas dire que l’amour est plus grand et peut être... y a-t-il de ce merveilleux des premières expériences. Toute rupture va causer une grande blessure qui risque de prendre appui sur ce que nous appelons le mouvement interrompu. Toute rupture non intégrée, c’est à dire où les ressentis ont été niés, refoulés, minimisés, restera active et source de troubles chez une personne et dans son système.
Or dès qu’il y a relation intime avec une autre personne, celle-ci fait partie de notre système, même si par la suite il n’y a plus de sentiments entre ces personnes. Et du coup ces dernières auront une grande influence dans le système actuel de la personne, si les faits et la personne n’ont pas été suffisamment reconnus, honorés ou s’il reste des ressentiments, des rancoeurs, de la haine.
Le risque alors est qu’un enfant s’identifie à ce partenaire oublié, pour lui donner une place dans le système. Et cela occasionne des intrications comme celle vécue par Jean-Luc. Le parent ne voit pas son enfant comme son enfant, mais projette sur lui le ou la partenaire qui a manqué. L’enfant va entrer dans cette place, ce rôle et devenir le petit homme de maman ou la petite femme de papa. L’enfant pourra aller jusqu’à rivaliser avec sa mère pour une fille ou avec son père pour un homme.
Seulement il maintient cette place en tant qu’adulte ce qui va lui occasionner des difficultés à créer ses propres relations amoureuses ; ainsi des personnes se retrouvent dans l’impossibilité de créer un couple, ne rencontrent que des amours impossibles, restant dans des positions d’amants ou d’amantes, voire auront des difficultés à créer une relation avec quelq’un de sexe différent.
La solution sera toujours de désidentifier la personne de ce partenaire « je n’ai rien à faire avec toi » et de lui faire comprendre que cette relation ne la regarde pas et qu’elle est vivante grâce à son père et sa mère. Des phrases comme « c’est bien que tu n’aies pas épousé cet homme ou cette femme, sinon je ne serai pas là ; ma place est à côté de vous, papa, maman » vont sortir la personne de sa transe et la remettre à sa place d’enfant qui peut alors exprimer sans danger son amour au parent concerné.
2ème constellation : le grand père est mort à la guerre
La demande de Jean-Luc : « Je veux savoir où vont mes forces de vie (n'en ayant pas beaucoup) »
Je découvre, sans trop de surprise, maintenant, que mon père est relié, comme aimanté par son père, qui est mort à Verdun lors de la guerre de 14/18.
On découvre ainsi que le grand-père, d'une certaine façon, ne sait pas, ou ne veut pas savoir ou entendre* qu'il est mort. Ses compagnons morts à côté de lui, mais plus conscients, arrivent à le sortir petit à petit de son sommeil. Il finit par avouer qu'il ne supporte pas de ne pas avoir vécu et de ne pas avoir revu sa famille.
Un travail peut commencer pour qu'il accepte sa mort, et ainsi libère sa descendance.
Je sens des tensions très anciennes au niveau de la taille se relâcher.
Mon père, régénéré par l'énergie qui circule à nouveau en lui, peut se tourner vers moi, et m'accueillir! Il me nomme par mon prénom. Cela me fait un bien immense.
Devant cette situation, une grande détente s'installe, une énergie nouvelle me traverse, elle me fait me rentrer vers l'intérieur de moi, et je connecte mon identité!
J'ai le sentiment très fort que ma quête, la recherche de mon père, est finie! Et même que toute quête est finie, et surtout cette quête spirituelle, qui m'a fait partir dans tous les sens ! C'est aussi la fin d'allers et venues dans le monde des morts.
Je peux alors me blottir dans ses bras et reprendre le lien interrompu depuis x années !
*Mon père et tous ses enfants ont de grosses difficultés auditives!!
Je dois ajouter que le travail sur mon père a pu avoir lieu grâce à celui effectué au stage "prendre père et mère".
Je commence une nouvelle vie, ma vraie vie ?
Mais ce que j'ai vécu avant, a quand même une très grande valeur !
Je suis infiniment reconnaissant à toutes et à tous!!
Commentaire de Christiane : l’influence des morts
Dans cette constellation, nous voyons combien les morts ont une influence dans les lignées à venir ; Le père de Jean-Luc a peu connu son père qui est mort à la guerre de 14/18. Et une partie de son existence sera consacrée à chercher ce père mort ; ainsi le père de Jean-Luc deviendra à son tour un père absent.
Nous observerons que le grand père paternel n’a pas voulu, pas pu prendre conscience qu’il était mort, afin de ne pas ressentir la perte de son fils, de sa famille. C’est un phénomène que nous rencontrons souvent lorsque les gens sont morts trop tôt, foudroyés par un accident, à la guerre ; le corps est bien mort, mais une partie de leur esprit (leur âme) erre entre le monde des vivants et le monde des morts. Il se pourrait qu’il y ait différents états de mort…
C’est en donnant du soutien à ce grand père avec d’autres soldats morts à la guerre comme lui, perdant tout, leur jeunesse, leurs intentions à vivre, à construire une existence, fonder une vie de famille qu’il pourra commencer à faire face à sa douleur, à ses pertes. Faire face libère…
Il peut alors reconnaître son fils et prendre conscience qu’il a "perdu l’existence mais pas son fils".
Ainsi les morts oubliés, exclus, pas suffisamment reconnus exercent une influence importante sur 4/5 générations. Et plus l’exclusion est grande, plus l’influence est forte et plus quelqu’un de plus jeune s’identifiera aux morts, pour tenter de leur donner une place dans le système.
Cela ne veut pas dire que ces morts soient malveillants vis-à-vis des vivants mais qu’ils représentent une force d’attraction inexorable qui perturbe l’ordre systémique tant que leur intégration n’est pas faite.
Ainsi, si nous leur accordons la place qui leur revient, nous pouvons être en paix avec le système et nous-mêmes. Et nous observons alors que les personnes dégagées de l'intrication bénéficient alors d’une force nouvelle, de ressources qu’elle n’avait pas imaginées.
Afin de vous faire partager quelques expériences, la reprise des articles sera consacrée à quelques témoignages qui paraîtront soit sous cette forme, soit dans la rubrique "page" sous l'item "témoignages" afin que ces données restent intéressantes et non submergeantes.
Voici donc le premier article, avec quelques commentaires, consacré exclusivement au travail de Jean-Luc qui a poursuivi l'intégration de son travail en faisant un compte rendu des 2 constellations qu'il a vécues. Merci encore à Jean-Luc pour le beau travail effectué et partagé.
cp
Tu ne changeras jamais les choses en combattant ce qui existe déjà.
pour changer les choses, construis un nouveau modèle qui rendra l'ancien obsolète.
Buckminster Fuller
pour changer les choses, construis un nouveau modèle qui rendra l'ancien obsolète.
Buckminster Fuller
Témoignage de Jean Luc
Voici quelques informations
En tant que représentant du symptôme, il m'est apparu de façon extraordinaire, que toute reconnaissance le faisait fondre, et que tout refus ou agression le faisait devenir de plus en plus autonome et puissant.
En tant que représentant d'une injonction, j'ai vu qu'elle portait les forces de vie, et qu'il ne fallait pas la combattre, mais l'accueillir !
Commentaire de Christiane
Il en est du symptôme comme de tout contenu de conscience ; si nous résistons, si nous refusons, si nous agressons, nous faisons persister le symptôme, la douleur. Pour résister, nous devons investir beaucoup d’attention sur ce que nous ne voulons pas, donc nous donnons de la puissance à ce qui nous fait peur, nous fait mal, est indésirable.
Quant aux injonctions comme "sois sage, tu es un saint, tu es fort", etc., elles captent une partie de notre attention que nous les adoptions ou que nous les refusions. Les combattre nous piège.
Par contre les accueillir permet de comprendre ce qui se passe et d’intégrer les parties de nous qui sont enfermées, figées dans cette injonction ; et c’est en intégrant ces parties de nous (en les prenant avec nous) que nous récupérons de la force, de l’énergie et que nous désintégrons ce que nous ne voulons pas. Seule la compréhension permet d’intégrer. Intégrer, c'est transformer de la masse, de la confusion en conscience.
Sinon nous entretenons une division, une dualité et nous sommes alors des personnalités morcellées, ballotées tantôt par la partie « sois un saint » et tantôt par celle qui dit « je ne suis pas un saint ».
Voici quelques informations
En tant que représentant du symptôme, il m'est apparu de façon extraordinaire, que toute reconnaissance le faisait fondre, et que tout refus ou agression le faisait devenir de plus en plus autonome et puissant.
En tant que représentant d'une injonction, j'ai vu qu'elle portait les forces de vie, et qu'il ne fallait pas la combattre, mais l'accueillir !
Commentaire de Christiane
Il en est du symptôme comme de tout contenu de conscience ; si nous résistons, si nous refusons, si nous agressons, nous faisons persister le symptôme, la douleur. Pour résister, nous devons investir beaucoup d’attention sur ce que nous ne voulons pas, donc nous donnons de la puissance à ce qui nous fait peur, nous fait mal, est indésirable.
Quant aux injonctions comme "sois sage, tu es un saint, tu es fort", etc., elles captent une partie de notre attention que nous les adoptions ou que nous les refusions. Les combattre nous piège.
Par contre les accueillir permet de comprendre ce qui se passe et d’intégrer les parties de nous qui sont enfermées, figées dans cette injonction ; et c’est en intégrant ces parties de nous (en les prenant avec nous) que nous récupérons de la force, de l’énergie et que nous désintégrons ce que nous ne voulons pas. Seule la compréhension permet d’intégrer. Intégrer, c'est transformer de la masse, de la confusion en conscience.
Sinon nous entretenons une division, une dualité et nous sommes alors des personnalités morcellées, ballotées tantôt par la partie « sois un saint » et tantôt par celle qui dit « je ne suis pas un saint ».
Les constellations montrent de façon très claire l’importance d’inclure les contenus de con pour retrouver notre pouvoir, notre unité et qui nous sommes en Essence, le Soi, la Conscience sans contenu. Elles nous montrent combien l’exclusion d’une partie de nous, de nos parents, d’un ancêtre, quels que soient les comportements, entraîne le chaos dans un système. Il en est de même pour le système « être humain » que nous sommes et c’est le chemin vers le divin que nous sommes.
Voici un résumé des 2 constellations vécues par Jean Luc
1ère constellation : un premier amour
La demande de Jean-Luc : « je veux savoir quel est l'origine de ce besoin fusionnel que j'éprouve, me sentant en permanence étouffé, prisonnier d'un aspect féminin ».
Voici un résumé des 2 constellations vécues par Jean Luc
1ère constellation : un premier amour
La demande de Jean-Luc : « je veux savoir quel est l'origine de ce besoin fusionnel que j'éprouve, me sentant en permanence étouffé, prisonnier d'un aspect féminin ».
Je découvre avec beaucoup de surprise que ma mère sait qu'elle n'a pas fait ce qu'il fallait pour m'élever comme un petit garçon.
Mon représentant éprouve une hargne et une rage folle contre elle, et se détache de tout pour ne rien ressentir. Il exprime ensuite, que la colère qu'il éprouve pour ma mère, est en fait de l'amour qu'il n'a pu donner.
J'éprouve une vive douleur au cœur, comme s'il était fendu !
On découvre que dans sa jeunesse, elle a été amoureuse de quelqu'un de plus âgé qu'elle. Mais cet homme souhaitait une relation d'amitié, la considérant comme beaucoup trop jeune ( peut-être 14 ans). Ma mère a été cruellement blessée qu'il ne voit pas sa richesse, elle même se sentant du même niveau. Son amour est resté platonique. Cet homme, ami de la famille, a préféré rester fidèle à la famille plutôt qu'à elle. Alors qu'il représentait la liberté pour elle.
N'ayant pu investir cet amour dans son mari (révolte contre les hommes), elle l'a reporté sur moi. J'ai été élevé comme son amour platonique! (castré !)
Elle savait le tort qu'elle me faisait, mais si elle ne me gardait pas, elle serait morte de chagrin.
Elle se rend compte qu'elle a été avec moi comme son amoureux. Elle a conscience de m'avoir planté un poignard dans le dos.
Lors du travail on dés-identifie mon représentant de l'amoureux, ce dernier reconnaissant sa lâcheté.
Le représentant s'est senti trompé, nié dans son corps, celui-ci n'ayant pas d'importance dans une relation platonique.
Je vois où je me suis mal construit, cette recherche fusionnelle était en fait ma mort, alors que pour moi c'était une recherche vitale.
Commentaire de Christiane : la dynamique des premiers partenaires
Quand un homme ou une femme connaissent un premier amour qui ne peut aboutir pour diverses raisons, ( les parents s’opposent à cette relation, l’un des amoureux se lasse, découvre que cette relation ne correspond pas à ses intentions, l’un des amoureux part à la guerre ou s’expatrie, va faire des études à l’étranger ou tombe malade ou meurt), ce mouvement d’amour reste souvent inachevé.
Des sentiments, des émotions ne sont pas exprimés, des mots, des pensées sont tus, créant incompréhension et confusion. Cela va bloquer la personne dans cette unité de temps, dans cette phase de son existence.
Les premiers amours ont une force que n’ont pas les suivants ; l’attachement, le lien à l’autre est plus marqué, ce qui ne veut pas dire que l’amour est plus grand et peut être... y a-t-il de ce merveilleux des premières expériences. Toute rupture va causer une grande blessure qui risque de prendre appui sur ce que nous appelons le mouvement interrompu. Toute rupture non intégrée, c’est à dire où les ressentis ont été niés, refoulés, minimisés, restera active et source de troubles chez une personne et dans son système.
Or dès qu’il y a relation intime avec une autre personne, celle-ci fait partie de notre système, même si par la suite il n’y a plus de sentiments entre ces personnes. Et du coup ces dernières auront une grande influence dans le système actuel de la personne, si les faits et la personne n’ont pas été suffisamment reconnus, honorés ou s’il reste des ressentiments, des rancoeurs, de la haine.
Le risque alors est qu’un enfant s’identifie à ce partenaire oublié, pour lui donner une place dans le système. Et cela occasionne des intrications comme celle vécue par Jean-Luc. Le parent ne voit pas son enfant comme son enfant, mais projette sur lui le ou la partenaire qui a manqué. L’enfant va entrer dans cette place, ce rôle et devenir le petit homme de maman ou la petite femme de papa. L’enfant pourra aller jusqu’à rivaliser avec sa mère pour une fille ou avec son père pour un homme.
Seulement il maintient cette place en tant qu’adulte ce qui va lui occasionner des difficultés à créer ses propres relations amoureuses ; ainsi des personnes se retrouvent dans l’impossibilité de créer un couple, ne rencontrent que des amours impossibles, restant dans des positions d’amants ou d’amantes, voire auront des difficultés à créer une relation avec quelq’un de sexe différent.
La solution sera toujours de désidentifier la personne de ce partenaire « je n’ai rien à faire avec toi » et de lui faire comprendre que cette relation ne la regarde pas et qu’elle est vivante grâce à son père et sa mère. Des phrases comme « c’est bien que tu n’aies pas épousé cet homme ou cette femme, sinon je ne serai pas là ; ma place est à côté de vous, papa, maman » vont sortir la personne de sa transe et la remettre à sa place d’enfant qui peut alors exprimer sans danger son amour au parent concerné.
2ème constellation : le grand père est mort à la guerre
La demande de Jean-Luc : « Je veux savoir où vont mes forces de vie (n'en ayant pas beaucoup) »
Je découvre, sans trop de surprise, maintenant, que mon père est relié, comme aimanté par son père, qui est mort à Verdun lors de la guerre de 14/18.
On découvre ainsi que le grand-père, d'une certaine façon, ne sait pas, ou ne veut pas savoir ou entendre* qu'il est mort. Ses compagnons morts à côté de lui, mais plus conscients, arrivent à le sortir petit à petit de son sommeil. Il finit par avouer qu'il ne supporte pas de ne pas avoir vécu et de ne pas avoir revu sa famille.
Un travail peut commencer pour qu'il accepte sa mort, et ainsi libère sa descendance.
Je sens des tensions très anciennes au niveau de la taille se relâcher.
Mon père, régénéré par l'énergie qui circule à nouveau en lui, peut se tourner vers moi, et m'accueillir! Il me nomme par mon prénom. Cela me fait un bien immense.
Devant cette situation, une grande détente s'installe, une énergie nouvelle me traverse, elle me fait me rentrer vers l'intérieur de moi, et je connecte mon identité!
J'ai le sentiment très fort que ma quête, la recherche de mon père, est finie! Et même que toute quête est finie, et surtout cette quête spirituelle, qui m'a fait partir dans tous les sens ! C'est aussi la fin d'allers et venues dans le monde des morts.
Je peux alors me blottir dans ses bras et reprendre le lien interrompu depuis x années !
*Mon père et tous ses enfants ont de grosses difficultés auditives!!
Je dois ajouter que le travail sur mon père a pu avoir lieu grâce à celui effectué au stage "prendre père et mère".
Je commence une nouvelle vie, ma vraie vie ?
Mais ce que j'ai vécu avant, a quand même une très grande valeur !
Je suis infiniment reconnaissant à toutes et à tous!!
Commentaire de Christiane : l’influence des morts
Dans cette constellation, nous voyons combien les morts ont une influence dans les lignées à venir ; Le père de Jean-Luc a peu connu son père qui est mort à la guerre de 14/18. Et une partie de son existence sera consacrée à chercher ce père mort ; ainsi le père de Jean-Luc deviendra à son tour un père absent.
Nous observerons que le grand père paternel n’a pas voulu, pas pu prendre conscience qu’il était mort, afin de ne pas ressentir la perte de son fils, de sa famille. C’est un phénomène que nous rencontrons souvent lorsque les gens sont morts trop tôt, foudroyés par un accident, à la guerre ; le corps est bien mort, mais une partie de leur esprit (leur âme) erre entre le monde des vivants et le monde des morts. Il se pourrait qu’il y ait différents états de mort…
C’est en donnant du soutien à ce grand père avec d’autres soldats morts à la guerre comme lui, perdant tout, leur jeunesse, leurs intentions à vivre, à construire une existence, fonder une vie de famille qu’il pourra commencer à faire face à sa douleur, à ses pertes. Faire face libère…
Il peut alors reconnaître son fils et prendre conscience qu’il a "perdu l’existence mais pas son fils".
Ainsi les morts oubliés, exclus, pas suffisamment reconnus exercent une influence importante sur 4/5 générations. Et plus l’exclusion est grande, plus l’influence est forte et plus quelqu’un de plus jeune s’identifiera aux morts, pour tenter de leur donner une place dans le système.
Cela ne veut pas dire que ces morts soient malveillants vis-à-vis des vivants mais qu’ils représentent une force d’attraction inexorable qui perturbe l’ordre systémique tant que leur intégration n’est pas faite.
Ainsi, si nous leur accordons la place qui leur revient, nous pouvons être en paix avec le système et nous-mêmes. Et nous observons alors que les personnes dégagées de l'intrication bénéficient alors d’une force nouvelle, de ressources qu’elle n’avait pas imaginées.