L'avortement n'est pas un crime (1ère partie)
Nous ne pouvons rien changer à ce qui s’est passé autrefois et ailleurs,
le seul réel pouvoir qui est le nôtre est
de modifier le regard,
les conclusions, les positions que nous avons prises.
Regarder le problème d’un autre angle, d’une autre place,
et il devient différent.
C’est un exercice excellent.
Aurez-vous le courage de le faire ?
“De mémoire de Foetus” par Edmée Gaubert
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le seul réel pouvoir qui est le nôtre est
de modifier le regard,
les conclusions, les positions que nous avons prises.
Regarder le problème d’un autre angle, d’une autre place,
et il devient différent.
C’est un exercice excellent.
Aurez-vous le courage de le faire ?
“De mémoire de Foetus” par Edmée Gaubert
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Question de Bernard
Je me suis marié en 90, à 31 ans. Mon épouse en avait 29.
Deux ans après notre mariage elle a eu une relation avec un autre homme, dont elle est tombée enceinte "par accident" et a avorté. Il pensait être stérile, n'ayant jamais eu d'enfant avec sa première femme.
En 98 nous avons eu notre première fille et la deuxième en 2000. Deux ans après, elle était à nouveau enceinte, de moi, mais n'a pas voulu garder cet enfant, ne se sentant pas le courage de "remettre cela" vu mes absences fréquentes pour raison professionnelle.
Lors de sa constellation à Paris, elle a bien entendu rendu sa place à ces deux enfants, au cours d'une séance assez douloureuse et chargée de culpabilité, tant de son côté que du mien, en tout cas pour le dernier enfant.
Nos deux filles n'en savent rien et j'aurais voulu savoir si le travail effectué lors de cette séance suffisait ou s'il valait mieux aller plus loin, le leur dire plus tard (bien sûr me direz vous!) Et quand? Elles ont toutes les deux des caractères assez bien trempés encore que vraiment différent. Mais c'est surtout l'aînée pour laquelle je m'interroge. Elle est souvent dans la plainte et prend toujours beaucoup de temps pour faire ce qu'elle a à faire. (Ce qui n'est pas en soi un vrai problème)
Réponse de Christiane
L’avortement est un sujet grave et douloureux qu’il est important de regarder du point de vue systémique. Même si aujourd’hui cet acte semble “normal”, il est loin d’ être anodin et ne peut être “banalisé”. La légalisation n’empêche pas de ressentir du chagrin, de la culpabilité ou de la honte vis à vis de soi ou des aux autres enfants ou d’une des lignées.
L’avortement (IVG) répond à une nécessité où se jouent souvent des histoires inconscientes, les nôtres, celles de notre famille et une attention toute particulière devrait être accordée aux femmes, aux couples qui prennent cette décision majeure pour en amoindrir et même éviter les répercussions néfastes que nous observons en constellations.
En effet, l’avortement reste un acte lourd pour beaucoup de femmes qui peut causer de profonds désordres et souffrances pour la femme, son couple, les enfants appartenant à la fratrie, son système, sans pour autant que l’avortement apparaisse clairement comme l’origine de telles perturbations.
Car les pensées, les ressentis négatifs, les intentions issus de ce traumatisme font l’objet de refoulement (ce que nous n’aimons pas, ce que nous ne confrontons pas est refoulé) qui seront un terreau propice aux dynamiques systémiques :
- “je te suis mon enfant dans la mort”
- ou pour retenir la mère qui est malade, un enfant de la fratrie dit “je pars ou je suis malade à ta place, maman”
- ou des intentions d’expier la “faute”, le “crime” seront prises.
Souvenons-nous que la légalisation de l’avortement date de 1975 avec la loi Veil, permettant enfin aux femmes d’assumer leur indépendance et leur droit à dire non aux grossesses indésirées sans mettre en péril leur existence.
Avant les femmes devaient avorter dans la clandestinité, dans des conditions précaires ou elles prenaient des risques pour leur intégrité physique et psychique.
Souvenons-nous que l’avocate Gisèle Halimi a défendu une jeune fille victime d’un viol et dénoncée pour avortement en 1972 !! Et qu’en 1943, une femme a été exécutée pour avoir avorté !!
Beaucoup de sociétés ont réprouvé et réprouvent encore l’avortement et les religions monothéistes considèrent que c’est porter atteinte à la vie humaine. Quand nous avons les concepts des systèmes (ou domaines d’existence) qui s’interfèrent les uns les autres, nous comprenons vite que cette question est l’histoire de toutes les femmes et de tous les hommes. Il ne s’agit pas ici d’avoir un point de vue idéologique mais de comprendre les circonstances qui amènent un couple à prendre cette décision, une femme à avorter.
(à suivre)
Christiane Perreau