Le mouvement interrompu et sexualité

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Avant de clore ce long cycle sur le mouvement interrompu, voici un passage du livre Constellations systémiques, pratiques et perspectives de Constance Potschka-Long et Mathias Engel,  relatif aux conséquences possibles de l’élan interrompu sur la sexualité. Point de vue pertinent qui permet de mieux comprendre l’importance de la restauration de cet élan coupé si nous souhaitons vivre une sexualité épanouie,  qui ne soit pas un espace de compensation ; cet extrait évoque ainsi la complexité de ce travail lorsqu’il y a eu abus sexuel.

Cet article fait aussi la transition avec le prochain article qui traitera des mouvements de l'âme.
bonne lecture !

CP



Mouvement interrompu et sexualité
Extrait de Constellations systémiques,
pratiques et perspectives
C. Potschka-Lang et M. Engel


La  sexualité est une force fondamentale, indépendante, qui nous pousse les uns vers les autres. Elle agit indépendamment du fait que nous ayons vécu ou non dans notre petite enfance un mouvement interrompu vers notre mère ou notre père. Le premier mouvement  est vraisemblablement un mouvement qui ne tient pas compte du sexe des personnes vers lequel il tend et qui englobe aussi nos ascendants. Parallèlement, il contient une représentation psychique que l’on se fait de l’autre sexe et sa considération pour lui.

La sexualité peut donc être définie comme l’expression de la vie en quête d’elle-même. Mais elle sert parfois à compenser un manque profond de proximité et de sécurité qui ne relèvent pas, en réalité, du domaine de la sexualité.

Dans la première hypothèse, on pourrait parler d’une sexualité qui “intègre” l’autre, ce qu’elle ne fait pas dans la deuxième où elle aurait tendance à “exclure” l’autre en tant que personne dans sa complexité, et dont la fonction sera davantage une tentative de réparation qu’une rencontre entre deux individus.

Si l’on se penche sur la relation sexuelle du point de vue du mouvement, on peut conclure qu’elle peut être soit le résultat d’un mouvement réussi à l’âge où nous en avions besoin pour nous épanouir, soit une tentative de compenser et de réparer des carences et des blessures. Les abus sexuels peuvent être considérés sous cet éclairage. C’est pour cette raison qu’un abus sexuel sur un enfant par un membre de sa famille aura des conséquences désastreuses pour son développement futur. Sa confiance aura été trahie précisément par les personnes dont le rôle aurait été de l’aider à se construire une identité sexuelle et à aller vers les autres. Cela pose un véritable problème pour le travail thérapeutique, car blâmer les parents revient à discréditer précisément cette base qui lui aurait été nécessaire pour développer une sexualité saine. C’est un dilemme dont on ne peut sortir qu’en séparant symboliquement l’intrication et ses conséquences (l’abus sexuel) de l’âme de l’auteur de l’acte (qui se trouve être aussi le père, l’oncle ou le grand-père...) libérée de son intrication.

Une confrontation grave et respectueuse à de tels sujets peut ouvrir la voie à un mouvement apaisé et permettre de reprendre un contact plus serein avec l’autre sexe. Une nouvelle chance est offert de bien vivre ensemble, possibilités dont avaient sans doute été privées les générations passées.  
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