Le mouvement interrompu - 3ème partie

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Qu’est ce qui cause le mouvement interrompu

Ce mouvement interrompu est accessible la plupart du temps par ce qui est connu des clients, des faits dont ils se rappellent ou bien qui leur ont été rapportés mais sans réellement en concevoir les conséquences sur leur comportement actuel, leur histoire. Ils évoquent souvent les incidents suivants sans en contacter la charge émotionnelle :

*une séparation courte, la maman est appelée de toute urgence à l’école car son autre enfant vient d’avoir un accident ou un proche vient de décéder et il faut partir de toute urgence, laisser le bébé chez la voisine la plus proche âgée de 85 ans qui n’a jamais eu d’enfant...
*une séparation longue ou même brève, brutale, la maman part accoucher ou est hospitalisée soudainement, le papa  part travailler à l’étranger ; l’enfant est brusquement placé dans un institut car les parents ne peuvent plus assumer ou le père est condamné à la prison, et maman doit aller travaillez maintenant ; l’enfant a une santé fragile et il est envoyé en Suisse pour s’y refaire une santé physique ou laissé dans un hôpital par des parents qui doivent repartir là où ils vivent, à l’étranger. Bien souvent, ces situations sont le lieu de non-dits ou mal-dits, dans l’urgence, dans l’incapacité des parents à faire face à la maladie ou la séparation.
*l’enfant est mis en couveuse, né prématuré ; il est enlevé à la maman rapidement pour des questions de survie et  les parents ne pouvent ni voir ni toucher leur enfant. Certains bébés et certains parents ont dû se découvrir, se regarder derrière une vitre. Le centre de pédiatrie est éloigné du domicile des parents ou des urgences ; toutes ces incidents où la vie du nouveau-né en danger vont créer des ruptures.
*une rupture parce que la mère est malade ou absente, indisponible, déprimée, une grande partie de son attention étant focalisée dans ses propres intrications.  Bien qu’elle soit présente physiquement, elle est absente psychiquement ce que perçoit l’enfant. En constellations, nous voyons ces mères qui regardent ailleurs, dans le passé, un de leur frère mort, un parent malade, une maman suicidée ou des ancêtres lointains qui ont connu un destin tragique. L’enfant n’est pas vu et la mère ne peut le faire exister.
*une absence de regard ou d’attention au moment crucial de la venue au monde peut suffire. C’est le regard, l’attention de la mère qui font qu’un enfant peut réellement s’accrocher et se sentir existant.
*une brusque rupture dans l’allaitement : la maman vient d’apprendre que le père, qui était son amant, vient de décéder dans un accident et le choc arrête la montée de lait, figeant la mère dans la détresse.
*une simple rupture dans un élan affectif en “apparence anodin” pour la mère : l’enfant a cueilli un magnifique bouquet de pissenlits et rentre heureux à la maison pour l ‘offrir à Maman qui est toute occupée à faire le souper et ne porte pas attention à ce geste d’amour. Ou l’enfant vient de se coucher et il attend en vain que Maman vienne pour le câlin du soir ou elle vient, dans la  précipitation, l’esprit ailleurs, avec des gestes automatiques, sans conscience
*une rupture prolongée, défintive parfois parce que les parents abandonnent l’enfant, soit à la naissance, soit plus tard parce qu’ils ne peuvent l’assumer, étant trop désorientés.  Ruptures qui ont des conséquences lourdes dans le développement de l'enfant et qui laisseront de profondes blessures.


Mais ces faits visibles, dont nous avons éventuellement des souvenirs, de vagues impressions prennent racine sur une douleur primaire, bien refoulée, archaïque, qui date de la conception ou de la vie intra-utérine et qui devient une cause constitutive d’ une chaîne d’incidents traumatiques similaires comme ceux qui viennent d’être mentionnés.

D’ailleurs quand les clients abordent ce sujet, souvent de manière inconsciente, ils parlent de faits récents : je viens d’abandonner ma troisième femme alors que je l’aimais et c’est la troisième fois que je fais cela, je ne comprends pas. Je n’arrive pas à rester auprès de quelqu’un d’aimant, à un moment je pars de la relation...ou j’ai peur de créer une relation ; j’aimerais bien mais je n’y arrive pas. Ce sont les faits de surface, immédiatement accessibles, qui vont orienter notre attention sur l’hypothèse d’un mouvement interrompu. L’objectif alors est de permettre au client d’aller le plus loin possible là, où le blocage s’est produit, et cela peut remonter à la conception ou la vie foetale avec des situations comme celles-ci :


*grossesses accidentelles, non-désirées ;  une mère, enceinte d’un homme qui n’est pas son mari découvre qu’elle est enceinte au moment où cet amant la quitte ce qui la panique et l’agite au plus haut point.     Beaucoup de ces enfants nés par accident croient qu’ils doivent ensuite payer pour s’être intrusés dans l’existence des parents. Ou bien la maman désire un garçon pour cette quatrième grossesse, et lorsqu’elle découvre encore une fille !!! elle éprouve une profonde déception, une grande tristesse qui l’empêchent  d’accueillir cette fille de trop.... Dont le ton émotionnel chronique deviendra tristesse.
*grossesses alors que les parents sont trop jeunes et comme des enfants qui aimeraient prendre du bon temps pour rattraper l’amour dont ils ont manqué ; ils n’ont pas la capacité à pourvoir aux besoins d’un bébé.
*grossesses pour consolider, maintenir un couple défaillant ; ce peut être une manière de garder un homme pour une mère
*grossesses pour apaiser la peur d’être seule et de manquer d’amour, pour avoir un”bâton de vieillesse”, pour avoir la famille idéale que la mère n’a pas eue
*grossesses parce que la mère a été tellement absente qu’il faut trouver du soutien chez un enfant
*grossesses pour ne pas ressentir sa propre dépression et avoir ainsi à s’occuper d’un enfant.
*grossesses pour obtenir de l’enfant l’amour que le mère n’arrive pas à obtenir de son époux.

Ainsi toutes ces situations où le foetus perçoit du rejet de la part de la mère ou bien de l’angoisse, de la dépression,  vont faire obstacle à un attachement sécure. Le ton émotionnel chronique de la mère va affecter le foetus et son devenir.

Par ailleurs, beaucoup de ces situations de rejet, de ruptures, d’abandons, de pertes, de manques ne sont que des répétitions de l’arbre généalogique. Nous allons  retrouver une similarité sur plusieurs générations de la lignée maternelle. Ainsi, le dernier né ou la dernière née est-elle façonnée par les conflits non résolus des parents  et ne peut que vivre une séquence d’élans interrompus.

Christiane Perreau
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