Le mouvement interrompu - 2ème partie
Qu’est ce que le mouvement interrompu
Le mouvement du nouveau-né vers la mère est naturel, instinctif à la naissance et si quelque chose empêche ce mouvement d’aboutir, l’enfant y reste bloqué. Ce mouvement est d’ailleurs commun à tous les mammifères. Un petit enfant qui est séparé de sa mère, pour quelque raison que ce soit, est interrompu dans son élan spontané vers celle dont il dépend physiquement, affectivement et auprès de qui il a un besoin vital de créer un lien sécure, de s’attacher pour ensuite gagner son autonomie. Ainsi plus ces ruptures se produisent tôt, et nous avons vu qu’elles pouvaient débuter dans la vie foetale, plus leur impact sera grand sur la vie physique, émotionnelle, mentale d’un enfant.
Ce mouvement est caractérisé par le fait qu’ il n’y a personne pour recevoir cette communication ce qui constitue une blessure fondamentale, primaire chez un enfant. Il y a rupture de communication empathique, de compréhension et d’affinité. Il n’y a plus de partage de la même réalité.
C’est comme si ce mouvement tombait dans le vide, le néant et d’ailleurs c’est ce que va éprouver le nourrisson ou l’enfant, une impression de tomber dans le vide, un puits sans fond ou d’être pris dans un vortex aspirant dont il est impossible de ressortir vivant... et l’enfant se vit alors comme vide, anéanti, au bord de la mort. Il peut même alors avoir l’intention de mourir plutôt que d’éprouver une telle souffrance. Sensations dont tout son corps et son psychisme sont imprégnées et qui constituent un programme de base ; sensations qui sont à l’origine de croyances et déterminent sa personnalité ; c’est la naissance de l’égo dans la souffrance.
C’est une douleur insupportable qui fait ressentir de l’angoisse, une profonde détresse, beaucoup de panique et une impression d’abandon chez l’enfant qui perçoit son existence en danger. L’enfant se sent impuissant et va éprouver une grande tristesse qui le conduira jusqu’à la résignation, voire l’apathie. Cela peut réellement causer la mort d’un enfant, par un effondrement de son élan vital, donc de son énergie vitale. Ainsi, ce mouvement est à l’origine de bien des névroses.
Des croyances de base sont émises alors : ça ne vaut pas la peine d’exister, mieux vaut mourir, je me referme sur moi, ne ressens plus, n’entends pas, ne bouge pas, il faut penser, etc., croyances qui restent actives tout au long du développement de la personne, tant qu’elles ne les a pas confrontées, conscientisées.
Ces ruptures dans la relation se produisent souvent entre 0 et 3 ans, là où l’enfant est dans une grande période de fragilité, de dépendance quant à sa survie émotionnelle et physique. C’est la période où l’enfant développe ce qu’on appelle l’attachement qui le lie à la personne affective de référence, en principe la mère. Ce comportement d’attachement est constitué du besoin de proximité, de sécurité, de confort, de soutien, de protection rencontré face à l’angoisse de la séparation et de l’autre.
Mais ces élans interrompus peuvent avoir des racines antérieures à la naissance, dans la période de la conception ou de la vie foetale. En effet, "pendant les 9 mois de vie intra-utérine a lieu le bonding, c’est-à-dire le lien biologique, génétique et émotionnel qui se crée entre la mère et le foetus pendant la grossesse. Ce bonding est la base de l’attachement".(1)
"À 8 semaines se mettent en place tous les récepteurs sensitifs, sensoriels, affectifs qui feront de cet embryon un foetus percevant, multipercevant et même hyperpercevant. À partir de 8 semaines, le foetus est en interaction continue d'abord avec sa mère, puis par sa mère, et plus ou moins directement avec son environnement". (2)
Les foetus sont ainsi modelés par ce que vivent et ressentent les parents. Ce n’est pas parce qu’un foetus n’a pas la capacité à conceptualiser, qu’il n’a pas la capacité à avoir des sensations que son cerveau archaïque enregistre et qui façonnent son corps et son psychisme. Si ces sensations sont traumatiques, elles vont constituer une base de données propice à des développements névrotiques.
En général, ce mouvement est interrompu dans les 2 sens : l’enfant ne peut plus aller vers la mère qui ne peut pas aller vers son enfant. Nous observons dans les placements cette impossibilité à la rencontre, parent et enfant pétris de peur, de méfiance, de blocages. Il sera alors important de donner beaucoup de sécurité au client pour lui permettre d’entreprendre ce voyage aux sources de l’élan brisé. Et il sera crucial de donner du soutien à la mère afin qu’elle puisse manifester de l’intérêt, du désir pour son enfant. Et ce soutien passe souvent par la restauration chez la mère de son mouvement interrompu vis à vis de sa propre mère, mouvement dont il est parfois nécessaire de rechercher l’origine dans la lignée de femmes.
Christiane Perreau
Bibliographie
(1) L’enfant blessé, l’enfant qui blesse - Alexandra Bosworth
(2) Pr J-P Relier préface de Mémoire de foetus – Edmée Gaubert
L’attachement – concepts et applications Nicole Guedeney ) Antoine Guedeney
L’amour et l’enfant - Arthur janov
Le mouvement du nouveau-né vers la mère est naturel, instinctif à la naissance et si quelque chose empêche ce mouvement d’aboutir, l’enfant y reste bloqué. Ce mouvement est d’ailleurs commun à tous les mammifères. Un petit enfant qui est séparé de sa mère, pour quelque raison que ce soit, est interrompu dans son élan spontané vers celle dont il dépend physiquement, affectivement et auprès de qui il a un besoin vital de créer un lien sécure, de s’attacher pour ensuite gagner son autonomie. Ainsi plus ces ruptures se produisent tôt, et nous avons vu qu’elles pouvaient débuter dans la vie foetale, plus leur impact sera grand sur la vie physique, émotionnelle, mentale d’un enfant.
Ce mouvement est caractérisé par le fait qu’ il n’y a personne pour recevoir cette communication ce qui constitue une blessure fondamentale, primaire chez un enfant. Il y a rupture de communication empathique, de compréhension et d’affinité. Il n’y a plus de partage de la même réalité.
C’est comme si ce mouvement tombait dans le vide, le néant et d’ailleurs c’est ce que va éprouver le nourrisson ou l’enfant, une impression de tomber dans le vide, un puits sans fond ou d’être pris dans un vortex aspirant dont il est impossible de ressortir vivant... et l’enfant se vit alors comme vide, anéanti, au bord de la mort. Il peut même alors avoir l’intention de mourir plutôt que d’éprouver une telle souffrance. Sensations dont tout son corps et son psychisme sont imprégnées et qui constituent un programme de base ; sensations qui sont à l’origine de croyances et déterminent sa personnalité ; c’est la naissance de l’égo dans la souffrance.
C’est une douleur insupportable qui fait ressentir de l’angoisse, une profonde détresse, beaucoup de panique et une impression d’abandon chez l’enfant qui perçoit son existence en danger. L’enfant se sent impuissant et va éprouver une grande tristesse qui le conduira jusqu’à la résignation, voire l’apathie. Cela peut réellement causer la mort d’un enfant, par un effondrement de son élan vital, donc de son énergie vitale. Ainsi, ce mouvement est à l’origine de bien des névroses.
Des croyances de base sont émises alors : ça ne vaut pas la peine d’exister, mieux vaut mourir, je me referme sur moi, ne ressens plus, n’entends pas, ne bouge pas, il faut penser, etc., croyances qui restent actives tout au long du développement de la personne, tant qu’elles ne les a pas confrontées, conscientisées.
Ces ruptures dans la relation se produisent souvent entre 0 et 3 ans, là où l’enfant est dans une grande période de fragilité, de dépendance quant à sa survie émotionnelle et physique. C’est la période où l’enfant développe ce qu’on appelle l’attachement qui le lie à la personne affective de référence, en principe la mère. Ce comportement d’attachement est constitué du besoin de proximité, de sécurité, de confort, de soutien, de protection rencontré face à l’angoisse de la séparation et de l’autre.
Mais ces élans interrompus peuvent avoir des racines antérieures à la naissance, dans la période de la conception ou de la vie foetale. En effet, "pendant les 9 mois de vie intra-utérine a lieu le bonding, c’est-à-dire le lien biologique, génétique et émotionnel qui se crée entre la mère et le foetus pendant la grossesse. Ce bonding est la base de l’attachement".(1)
"À 8 semaines se mettent en place tous les récepteurs sensitifs, sensoriels, affectifs qui feront de cet embryon un foetus percevant, multipercevant et même hyperpercevant. À partir de 8 semaines, le foetus est en interaction continue d'abord avec sa mère, puis par sa mère, et plus ou moins directement avec son environnement". (2)
Les foetus sont ainsi modelés par ce que vivent et ressentent les parents. Ce n’est pas parce qu’un foetus n’a pas la capacité à conceptualiser, qu’il n’a pas la capacité à avoir des sensations que son cerveau archaïque enregistre et qui façonnent son corps et son psychisme. Si ces sensations sont traumatiques, elles vont constituer une base de données propice à des développements névrotiques.
En général, ce mouvement est interrompu dans les 2 sens : l’enfant ne peut plus aller vers la mère qui ne peut pas aller vers son enfant. Nous observons dans les placements cette impossibilité à la rencontre, parent et enfant pétris de peur, de méfiance, de blocages. Il sera alors important de donner beaucoup de sécurité au client pour lui permettre d’entreprendre ce voyage aux sources de l’élan brisé. Et il sera crucial de donner du soutien à la mère afin qu’elle puisse manifester de l’intérêt, du désir pour son enfant. Et ce soutien passe souvent par la restauration chez la mère de son mouvement interrompu vis à vis de sa propre mère, mouvement dont il est parfois nécessaire de rechercher l’origine dans la lignée de femmes.
Christiane Perreau
Bibliographie
(1) L’enfant blessé, l’enfant qui blesse - Alexandra Bosworth
(2) Pr J-P Relier préface de Mémoire de foetus – Edmée Gaubert
L’attachement – concepts et applications Nicole Guedeney ) Antoine Guedeney
L’amour et l’enfant - Arthur janov