du silence

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Du silence naît tout ce qui vit et dure
car c'est le silence qui relie à l'univers, à l'infini
il est la racine de l'existence,
et par là, l'équilibre de la vie

Yehudi Menhui



Introduction de Christiane Perreau

J'ai pendant quelques années été nourrie par Le Jeu de Gestes et le Zen qu'enseigne Pierre Philippon qui reste une personne importante sur mon chemin spirituel. Ayant rencontré voilà 5 ans un autre chemin, celui de La Voie Directe, j'ai quitté l'enseignement de Pierre mais je lis toujours avec beaucoup d'intérêt son programme de stages dont l'introduction 2009 m'a particulièrement interpellée ; propos pertinents sur  la crise, les crises et le silence que je partage ; propos que je vous propose de méditer.

Le mot crise vient du grec krisis  qui signifie "décision, jugement" ;  toute crise nous amène à faire des choix, prendre des décisions qui implique de clarifier nos priorités, de laisser des projets, de changer de valeurs, de croyances, de comportements ; cela implique d'orienter notre attention sur des actions, des personnes qui ont plus d'importance pour nous et qui sont plus en accord avec nos objectifs, nos buts profonds. Cela implique fondamentalement de faire face à ce qui est., au lieu de se dérober, au lieu de chercher compulsivement une solution qui nous éloignera encore plus du problème d'origine. Faire face, remonter à la cause. C'est ainsi que nous pouvons  en  ressortir transformés, mûris.

Le monde actuel est en crise.....les finances, l'environnement, la santé.... et ce, malgré tout le développement technologique, scientifique de ces 50 dernières années. il semblerait que dans notre  expansion matérielle, nous ayons oublié l'essentiel, notre expansion de conscience et  qui nous sommes en Essence, "cet autre soi-même" qui est Silence, Amour et d'où "nait tout ce qui vit et dure" et que certains nomment Vacuité, Espace Conscient, Soi, Dieu. Autant d'expressions qui ne peuvent que refléter une expérience qui est hors du temps, au-delà de nos limites mentales habituelles, expérience du Non-Manifesté, de l'Innommable.

Il serait urgent qu'un nombre croissant d'entre nous travaillent à se clarifier, à s'éveiller
pour contrebalancer cette crise "économique et financière", ce déséquilibre vers toujours plus de croissance technologique que l'on tente toujours de colmater par des solutions génératrices d'autres problèmes. il serait urgent qu'un plus grand nombre entreprenne un  chemin de Pleine Conscience,  leur "révolution silencieuse" comme disait Krishnamurti.


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La crise... les crises... et le silence

Chers amis,
Chers compagnons sur le chemin,

En cet automne 2008 on peut lire à la une de tous les journaux : « une crise économique et financière s’abat sur le monde. »

Ce qui caractérise une crise c’est qu’elle est brusque, intense, et qu’elle a des conséquences négatives... ou positives ! La chance - pour ne pas dire « la fonction » - des crises n’est-elle pas en effet que la personne qui la vit en ressorte transformée, plus consciente, plus mûre, plus responsable ?

Cette crise « économique et financière » permettra-t-elle à notre monde de mûrir et d’évoluer vers plus de justice sociale, plus d’humanité, de solidarité ? Ou au contraire va-t-elle creuser encore le fossé entre les pauvres et les riches ? Malheureusement tout porte à croire que le nombre des victimes de l’immoralité de certains responsables des mondes politique, économique et financier n’est pas prêt de décroître.

Sur le plan personnel, en arrière-plan de nombreuses crises se cache la plus grande de toutes : la mort, à laquelle personne n’échappe, bien que l’on rêve parfois d’y échapper. Le potentiel de maturation que
contient chaque crise réside précisément en cela : faire l’apprentissage de la mort, ou plutôt du « mourir », renoncer à ce qui était et que l’on souhaitait éternel. Comprendre cela, c’est réaliser que la fonction de la crise est aussi de permettre un passage, une transition nécessaire entre l’ancien et le nouveau, comme par exemple dans un accouchement, qui est une crise intense, violente, dans laquelle la future maman doit renoncer - elle n’a pas le choix - à l’ancien, l’état de femme enceinte, pour s’ouvrir au nouveau, au
nouveau-né, et à son nouvel état de mère.

S’il arrive que dans une crise il nous soit impossible d’agir sur la situation « extérieure », il est toutefois un
« lieu » sur lequel nous pouvons avoir une action : c’est nous- mêmes ! mais cela est difficile en temps de crise, car y dominent la dimension émotionnelle et la rumination mentale ; ce qui manque alors le plus c’est le silence. Il s’agit donc de ne pas attendre la crise pour agir sur soi-même en se mettant en chemin vers le silence. Ce chemin n’a jamais empêché personne de rencontrer des obstacles ! au contraire ! il est lui-même un obstacle car le silence nous montre à quel point nous sommes bruyants, dispersés, instables... c’est à dire porteurs de tout un potentiel de crise qui va exploser à la moindre occasion. Et la vie ne manque pas d’occasions ! S’entraîner au silence c’est se donner la chance de ne pas perdre le lien avec lui, même dans les situations les plus bruyantes de la vie, qu’elles s’appellent « trahison », « divorce », « maladie », « deuil » etc.

S’entraîner au silence développe l’aptitude au silence dont on a tant besoin quand on est en crise ; zazen est un entraînement au silence ; mais zazen n’est pas un « outil » pour faire face aux crises ! c’est une voie vers soi-même qui libère... de soi-même. Bien souvent en effet, comme cela se révèle lors d’une crise, on est prisonnier de soi-même, c’est à dire d’un ensemble de conditionnements, de réactions stéréotypées, de peurs, de colère, d’émotions de toutes sortes, de pensées sclérosées, de jugements figés qui tuent toute la créativité à laquelle le silence, au contraire, donne vie. Le silence auquel la pratique de zazen donne accès, libère de cette « illusion de soi-même », et met en contact avec un autre soi-même, que l’on est soi-même essentiellement, fondamentalement, un soi-même mystérieux, paisible, sans limite, et que l’on peut pourtant goûter, ressentir, parfois au cœur même des limites, parfois même au cœur des crises.

C’est ce silence qui est au cœur de l’accompagnement proposé à Paimbleau.

Pierre Philippon
paimbleau@orange.fr
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