Constellations de symptômes : un cas concret
Quand surdité rime avec abandon
Cette constellation est retranscrite avec l’autorisation de la cliente et afin de préserver son intimité, les prénoms ont été changés.
Pour alléger cet exemple, tout n’a pas été mis, notamment les interventions de Christiane (CP) et les déplacements dans l'espace.
Quand Olivia est écrit en orange, il s’agit de la représentante qu’a choisie Olivia.
Quand Olivia est écrit en noir, il s'agit de la cliente.
CP : qu’aimerais tu pour toi ?
Olivia : entendre
CP : depuis quand n’entends-tu pas ?
Olivia : plus ou moins 25 ans
CP : comment est-ce arrivé ?
Olivia : suite à des vertiges de Ménières
CP : qu’est ce qui s’est passé ?
Olivia : une situation avec la belle famille stressante
CP : y a-t-il des antécédents familiaux ?
Olivia : ma mère a eu une mastoïde à 7 ans aux 2 oreilles.
CP : autre chose ?
Olivia : mon père a été obligé de travailler comme interprète pour les Allemands et a été accusé, à tort, d’avoir collaboré.
Il est alors parti en Afrique.
À 6 ans, mes parents se sont séparés et à 12 ans, j’ai été mise en pension par ma sœur aînée en Italie. Les événements de l’indépendance en Afrique ont empêché notre retour.
CP : prends une personne pour tes 2 oreilles, une autre pour le symptôme, la surdité et une pour toi.
Ensuite Olivia les place en fonction de son ressenti du moment. Elle met les oreilles derrière sa représentante qui fait face au symptôme.
Olivia regarde parterre et dit « quand les oreilles arrivent, çà me pousse là-bas », désignant un endroit au sol et « çà me donne mal à la tête à droite ».
« Et avec le symptôme, j’aimerais être juste à sa place ». Olivia est alors prête à tomber avec un mouvement de vrille du corps.
Les oreilles : « oreille droite tirée vers le haut et la gauche vers le bas et sur le chemin d’entendre. Les sons sont extrêmement forts et me traversent…vrillée par les sons ».
Le symptôme : j’entends moins bien (il se penche vers la droite). Je suis contente d’être face à Olivia. (Les yeux se ferment un peu)
CP déplace les oreilles afin que les 3 représentants formant un triangle et se voient ; elle demande ensuite ce que cela change
Olivia sent un soulagement, sa jambe gauche devient lourde et est à nouveau attirée par un point parterre.
Les oreilles se sentent tristes et isolées.
Le symptôme a la jambe droite plus enfoncée et plus lourde.
CP : y a-t-il eu un avortement pour toi ou dans ta famille ?
Olivia répond que non. Des enfants morts ? : réponse « oui ».
CP introduit alors quelqu’un pour représenter ce que nous ne savons pas, ce qui reste à découvrir et demande à Olivia de lui indiquer où la bonne place pour ce qui l’attire par terre.
Les oreilles s’assoient à terre en disant : «ah non pas çà, çà va se savoir ». Mais les douleurs se calment.
Le symptôme s’asseoit au sol.
Olivia découvre un besoin en regardant la personne introduite et a des vertiges. Elle dit « ce que nous ne savons pas, c’est pas ma mère, je la découvre »
Alors entre cette personne et Olivia s’ébauche un mouvement très doux qui les amène à se toucher du bout des doigts. Elles sont sœurs.
CP à Olivia : Y a t-il une sœur avec qui tu as eu un lien avec plus important
Olivia : oui, celle qui était mon aînée et qui a remplacé ma mère. il y a eu 10 enfants.
Introduction de la mère qui se sent étrangère, non concernée et a des frissons. Elle voit sa fille comme une étrangère qui la dérange.
CP propose à la mère de dire à Olivia :
- « tu me déranges et cela a été difficile pour moi d’avoir tous ces enfants ».
Olivia répond avec un ton de colère :
- « je suis avec eux malgré toi et ce que tu me dis me fait mal »
Introduction du Père face à la Mère.
La Mère dit au Père : « je t’en veux énormément »
CP demande si la mère a eu un premier amour ce que confirme Olivia.
Introduction du premier amour qui se sent triste et dit c’est dommage. La Mère dit qu’elle a fait le mauvais choix, qu’elle a beaucoup souffert et demande à son premier amour de la prendre une dernière fois dans les bras. Ils sont émus et se prennent dans les bras l’un de l’autre, longuement ce qui les soulage. Ils ressentent alors encore de la douleur, mais qui peut se transformer ; ils se séparent en paix.
Les oreilles ressentent beaucoup de tristesse.
Olivia est de plus en plus en colère.
Le Père dit à la mère : « je t’en veux de ne pas avoir été plus disponible pour moi ».
La Mère répond « je ne savais pas être plus disponible »
Les oreilles n’ont plus de douleurs, rééquilibrées et disent : « je peux entendre car les choses sont dites »
Le symptôme : « disparu »
La Mère veut aller vers le Père.
Les oreilles disent : « les parents avaient du mal à s’entendre »
Le symptôme : « çà me prend à la gorge (Olivia dit que son père a bu et que ses parents ne se sont jamais vraiment entendus.)
Père et Mère se rapprochent avec un peu de compassion.
Le Père à la Mère : « je sais que je t’ai imposé beaucoup ; c’était trop, tous ces enfants »
Olivia passant de tristesse à colère et se blottissant contre sa sœur : « je suis la vie gâchée de ma mère. Je voudrais être sous terre ; et maintenant elle s’en prend à mon père !! »
Les oreilles : « il y a d’autres hommes, d’autres enfants. »
La Mère : «il fallait bien que je prenne un peu de plaisir et de tendresse ailleurs. »
Olivia très en colère : « la première vérité de la sainte nitouche ! »
Le Père, stable : « cela me dégrise et je comprends ».
Les oreilles se rééquilibrent.
Le symptôme a moins mal à la gorge et aux yeux.
La Mère au Père, suite à leur séparation : « je prends ma part de responsabilité dans ce qui n’a pas marché entre nous. »
CP invite le Père à dire la même chose qui répond « je le sens pas, c’est dur »
CP lui met son propre Père derrière lui ce qui le soulage et l’invite à dire les mots lentement en les ressentant.
Olivia se sent apaisée du fait que sa mère reconnaisse ce qui a été.
La représentante sort pour laisser sa place à Olivia.
CP place Olivia face à sa sœur et lui demande de dire :
- « j’ai failli mourir »
Olivia pleure et ajoute :
« j’ai pas compris que tu me laisses ; je serai morte pour toi, tu n’as toujours rien compris, je me suis sentie abandonnée ».
Olivia pleure beaucoup. Les oreilles et le symptôme viennent vers elle. Elle commente que sa grande sœur a fait beaucoup pour elle mais aujourd’hui elle m’ignore.
La Sœur dit à Olivia : « je vois ta souffrance et je vois combien je t’ai fait mal.
La Sœur continue : « je te comprends, peux tu m’entendre, dois- je te le répéter ? En fait je te découvre.»
Les oreilles : « çà fait chaud »
Olivia : « je ne te crois pas »
Les oreilles : « j’entends et je vais t’aider à entendre »
Olivia hésite et dit :
- «maintenant je peux exister et m’entendre »
La Sœur répète et Olivia entend.
Les 2 sœurs se réconcilient et les oreilles les entourent alors que le symptôme s’asseoit parterre.
Olivia se retourne alors vers sa mère, très en colère mais n’ose rien dire.
Sa Mère lui dit : « je comprends que tu as beaucoup souffert »
Olivia ne dit rien et sa mère dit : « je peux entendre ce que tu dis »
Le Père lui dit : « je t’entends »
Olivia dit qu’elle a peur et honte de ses parents, puis très en colère, elle dit à sa mère : « tu t’en fichais de moi »
Olivia voit alors des larmes dans les yeux de sa mère qui dit :
- « je comprends que tu as beaucoup souffert ; je n’ai pas pu t ‘accueillir comme mon enfant ; je suis profondément désolée ».
Olivia se sent mieux et dit : « j’ai besoin que ce soit entendu et je comprends ; j’ai entendu ce que tu me dis »
La Mère pleure en disant « ma fille »
Olivia se rapproche de ses parents.
Le symptôme dit qu’il n’a plus rien à faire.
Les oreilles se sentent guéries.
Quand surdité rime avec abandon