Réflexions sur les écrits de B. Hellinger

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Commentaire d'Hélène de Québec suite à la lecture Des liens qui libèrent de Gunthard Weber

J'ai bien apprécié les propos de la page 54 Prendre son père et sa mère :

«on ne devient pas père et mère à cause de ses qualités morales....Un enfant ne peut se sentir en accord avec lui-même et trouver son identité que lorsqu'il se sent en accord avec ses parents... qu'il les prend tels qu'ils sont et les respecte comme ils sont».

Voilà tout un défi qui peut demander beaucoup de travail et une bonne dose  d'humilité. Je comprends que tant que je n'ai  pas franchi cette étape je peux passer ma vie à m'illusionner sur mon cheminement !

 

Point de vue de Christiane

Devenir Père ou Mère est un choix actuellement pour beaucoup de personnes, donc porteur d'une certaine conscience ; mais nos parents, grands parents n'ont pas eu ce choix, le contrôle des naissances n'existaient pas ; mais que ce soit un choix ou non, il est évident que les qualités morales ne sont pas déterminantes, influantes. Les programmes de survie de l'espèce humaine poussent la majorité des gens à devenir père ou mère et c'est bien indépendamment des qualités d'une personne. Comme le dit Bert Hellinger, c'est "l'accomplissement d'un certain acte" qui fait que nous sommes pères ou mères. Et il ajoute "si quelq'un accepte d'accomplir cet acte, il s'insère dans un système qui le dépasse et qu'il sert, indépendamment de ses qualités morales".

C'est peut être aussi une tentative de redonner  ce que nous avons reçu, la vie et pour laquelle nous sommes en dette vis à vis du donneur. En ce sens nous pourrions dire que nous participons à quelque chose de bien plus grand que nous. La question serait : quelle conscience avons-nous de tout cela et avec quelle conscience participons-nous à cette chaîne humaine ? Dans quelle conscience ou inconscience accomplissons nous cet acte ? N'est ce pas cela qui pourrait faire une différence ?

Effectivement c'est un défi que de consentir à ses parents tels qu'ils sont sans vouloir les changer. Cela implique souvent de renoncer au parent idéal que nous avions imaginé, à porter sa souffrance, ses émotions, à le sauver et  à attendre quelque chose en plus ou en moins de lui. C’est beaucoup mais c’est libérateur car tant qu’il y a attente, espoir, il y a une dépendance qui freine l'autonomie de la personne.

Et ce défi va dépendre de la façon  dont les parents ont aussi accepté, aimé l'enfant tel qu'il était et donc comment eux-mêmes ont reconnu leurs propres parents. Or l'enfant a souvent fait l'objet de projections, d'attentes, pris dans des intrications et devenant le parent de ses parents ce qui fait qu'il n'a pas pu se construire une image de bonne mère et de bon père. La mise en place des lignées maternelles ou paternelles montrent souvent ces reproductions de génération en génération.

Ce défi est ainsi soumis à la prise de conscience que chacun est pris dans un réseau de relations qui lui ôte beaucoup de libre-arbitre. Les constellations nous aident à conscientiser ces faits mais aussi à retrouver un peu de liberté vis à vis de tels conditionnements.
Il est très touchant de voir une personne réaliser qu'elle est vivante
parce que ses 2 parents -eux seuls, pas d'autres et tels qu'ils sont- lui ont transmis la vie qui coule à travers les lignées paternelles et maternelles depuis la nuit des temps et que çà continue malgré tout. Ce qui est évident devient soudain réel.

Si cette personne est présente, en vie, c'est que quelqu'un lui a donné un minimum d'attention pour survivre. Le prix à payer pour être en vie est de naître dans telle ou telle famille, avec telle ou telle intrication. À chacun ensuite de gérer cela avec le plus de conscience et de persévérance possibles.


Les constellations aident à concrétiser, intégrer que nous ne sommes pas nos comportements, que nos parents ne sont pas leurs comportements. C'est un chemin plus ou moins long suivant les blessures de chacun et du système qui permet enfin que la bonne mère et le bon père soient alors en nous et nous.

 


Question d'Hélène

J'ai éprouvé de la difficulté avec les propos d'Hellinger (p. 128) au sujet des femmes qui n'ont pas d'enfants. «Une femme trouve son accomplisement et atteint sa grandeur et son plus grand poids spécifique en ayant beaucoup d'enfants»... «Rien d'autre n'est aussi valable». «Les femmes choisissent   un métier... une illusion d'évolution..."  J'avoue que j'ai trouvé ses propos durs pour les femmes qui se retrouvent dans cette situation sans avoir consciemment décidé de ne pas avoir d'enfants. Peut-être n'ai-je pas saisi le véritable sens de se propos ???

 

Point de vue de Christiane

Je ne partage pas ces propos même si l'expérience de la maternité reste unique et merveilleuse pour la plupart des femmes ; je pense qu'il est heureux que les femmes actuelles puissent trouver leur accomplissement, leur plénitude en se réalisant sur le plan professionnel, spirituel, affectif. Je trouve heureux qu'elles puissent être des femmes actives, épouses, amantes, mères. Mais je trouve aussi dommage qu'une femme qui élève ses enfants ne soit pas plus validée, reconnue.

Depuis 2000 ans, avec les religions monthéistes, les femmes ont beaucoup souffert, physiquement et psychiquement. Et c'est quelque chose qui a encore de l'incidence sur la sexualité, l'amour chez les femmes. Les femmes de Québec qui, sous l'influence de l'église catholique, ont donné naissance à des fratries de 10/12 enfants se sont-elles épanouies ? Si j"en crois les interventions que j'ai faites auprès de tels systèmes, la survie a été difficile pour ces femmes comme pour les enfants, les aînés devenant les soutiens, les parents des plus jeunes. Je ne vois pas où est le grandeur à part quelques femmes qui sont réellement épanouies avec des grossesses multiples et de nombreux enfants. 

Et puis il y a les femmes qui n'ont pas choisi de ne pas être mères, mais qui, prises dans des identifications, n'ont pu réaliser leurs souhaits, ou ont compris trop tard les raisons de leur solitude ou stérilité ou non-désir.

Bien sûr, les femmes actuelles perdent parfois de leurs qualités féminines à assumer une vie professionnelle bien remplie et une vie de famille également intense. Elles s'affirment parfois au détriment de leurs valeurs féminines, menant tout de front. Et en évinçant quelque peu les hommes de leur existence, en ne donnant plus de place aux hommes qui perdent leurs repères.

Mais il est important d'avoir présent à l'esprit que les femmes ne peuvent pas s'ouvrir aux hommes  si elles n'ont pas intégré leur lignée féminine ; tout comme un homme ne pourra vraiment vivre sa masculinité que s'il peut avoir du soutien, de la force de sa lignée d'hommes.

Peut être Bert Hellinger estime t-il que le fait de participer à la transmission de la Vie est grand ? Et je peux comprendre cela surtout lorsque quelq'un fait cette expérience d'être un simple maillon de la chaîne des humains ce qui est émouvant. Mais, j'émets aussi l'hypothèse que la plus grande réalisation que puissent faire un homme ou une femme, c'est de découvrir leur vraie nature qui est au-delà du monde de la dualité, qui est Vacuité, Conscience, Non-Être selon certaines Traditions.  Car qui sommes-nous au-delà de nos comportements, de nos corps, de notre génétique ?

 

 

 

 

 

 

 

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