Arthur Janov et la colère : extrait de Le cri primal
Introduction de Christiane Perreau
Je me suis intéressée au concept d'Arthur Janov qui souligne dans son livre, Le Cri Primal que la colère est le signe d'un besoin fondamental frustré servant à masquer la souffrance ressentie et le besoin d'être aimé.
L'objectif des constellations est que la personne contacte et expérimente la douleur refoulée jusqu'ici ainsi que le besoin nié. La colère est souvent une étape dans un processus de restauration de l'élan interrompu ou tout autre mouvement de réconciliation. C'est là où le besoin a été ignoré que l'élan d'amour s'est arrêté, et c'est donc là que le mouvement doit être repris afin que la vie et l'amour circulent à nouveau.
L'objectif des constellations est que la personne contacte et expérimente la douleur refoulée jusqu'ici ainsi que le besoin nié. La colère est souvent une étape dans un processus de restauration de l'élan interrompu ou tout autre mouvement de réconciliation. C'est là où le besoin a été ignoré que l'élan d'amour s'est arrêté, et c'est donc là que le mouvement doit être repris afin que la vie et l'amour circulent à nouveau.
Extraits du livre d’ Arthur Janov
Le Cri Primal
En thérapie primale, le patient, qui est tout à fait désarmé et sans défenses, n’est pas en colère. Il n’y a pas de fureur. C’est peut-être le processus de civilisation même qui rend les hommes si peu civilisés entre eux qu’il en résulte des réactions de frustrations et d’hostilité. Être civilisé signifie trop souvent dominer ses sentiments et ce contrôle peut provoquer une rage intérieure.
Je crois que le coléreux est le sujet qui n’est pas aimé – celui qui n’a pu être ce qu’il était réellement. En général, il est en colère contre ses parents parce qu’ils ne l’ont pas laissé être lui-même, et en colère contre lui-même parce qu’Il continue à renier son moi. Mais c’est le besoin qui est fondamental, la colère est l’effet secondaire. Elle survient quand le besoin n’est pas satisfait. Lorsque nous considérons le processus primal, nous constatons qu’il se déroule avec une rigueur presque mathématique. Les premiers primals ont souvent pour sujet la colère. Dans la seconde série, il s’agit de la souffrance et dans le troisième, du besoin d’amour. Le besoin et la non-satisfaction de ce besoin cause en général la plus violente douleur. Le processus primal se déroule comme la vie, mais en sens inverse. Dans la vie, il y a eu d’abord le besoin d’amour, puis la douleur de ne pas l’obtenir, enfin, la colère, pour atténuer la douleur. Le névrosé perd souvent tout souvenir de la première et de la deuxième étape, de sorte qu’il se retrouve habité d’une inexplicable colère. Mais la colère est, tout comme la dépression, une réaction à la souffrance et non un trait fondamental de caractère de l’homme. Il est quelquefois plus facile au jeune enfant de ressentir de la colère que de supporter l’horrible sentiment de solitude et d’abandon qu’elle cache, de sorte qu’il prétend que son sentiment de n’être pas aimé et d’être seul est quelque chose d’autre : de la haine. Mais, il est rare en thérapie primale que le patient ne manifeste que de la haine à l’égard de ses parents. Il dira plutôt : « aimez-moi, je vous en prie ; pourquoi ne m’aimez-vous pas ? Aimez- moi, salauds ! ».
Lorsqu’il est devenu adulte, le névrosé a tendance à penser qu’il n’éprouve que de la haine, mais en thérapie, il découvre que cette haine n’est qu’une couverture de plus sous laquelle il dissimule le besoin. Une fois le besoin ressenti, il n’y a plus guère de colère.
D’après la théorie primale, la colère est toujours dirigée contre quelqu’un qui en veut à votre vie. Il ne faut pas oublier que dans un sens, les parents névrotiques tuent inconsciemment leurs enfants ; ils tuent le moi réel de leurs rejetons ; la mort psychologique est un processus réel par lequel on extirpe de l’enfant toute vie. Il en résulte de la colère de la part de l’enfant : « je vous hais parce que vous ne me laissez pas vivre ».
Être quelqu’un d’autre que soi-même – c’est être mort.
Quand le névrosé réprime son besoin d’amour pour ne plus sentir que la colère, il peut essayer de s’en décharger jour après jour sur des objets symboliques : sa femme, ses enfants ou ses employés. Comme il n’établit pas la bonne connexion entre la colère et son origine, il continuera à s’en décharger de manière irréelle.
………..
Bien évidemment, il est aussi une colère réelle qui ne vient pas du passé. La colère que vous ressentez parce que votre garagiste a bâclé la réparation de votre voiture est tout à fait justifiée ; mais le sujet qui a des accès de colère quotidiens, irraisonnés, est dominé par son passé. Cela signifie que le névrosé est toujours sur le point de ressentir dans le présent ce qu’il a refoulé dans le passé. Ce qui n’a pas été résolu dans l’enfance s’infiltrera dans presque tout ce que le sujet fait plus tard dans sa vie, jusqu’à ce que ce soit résolu.
…………
Nous devons ressentir entièrement la colère pour arriver à l’éliminer. Le sujet qui ressent son moi au lieu de déjouer symboliquement ses sentiments, ne risque guère d’agir sous le coup de l’impulsivité ou de l’agressivité. La dialectique de la colère est la même que celle de la souffrance : dès qu’elle est ressentie, elle disparaît, tant qu’elle n’est pas ressentie, elle attend d’être ressentie.
L’idée de « contrôle de soi » implique le concept de clivage névrotique du moi. C’est le clivage qui est dangereux parce qu’il signifie que les sentiments refoulés doivent être dominés.
…………
Le problème est souvent que l’enfant est frustré et rendu furieux sans qu’il ne lui soit permis de montrer ses sentiments, de sorte qu’il en est réduit à trouver, pour se libérer, des solutions de remplacement -rixes à l’école, maux de tête, allergies. C’est ainsi que l’enfant est dépouillé de ses besoins et ensuite dépouillé une nouvelle fois des sentiments qu’il éprouve parce que ses besoins ne sont pas satisfaits. Il est donc deux fois perdant. Le comble, c’est que, si l’enfant en colère fait mauvais visage, il risque de se faire dire : « mais voyons, souris ! qu’est ce que tu as à faire cette tête-là ? À ce moment-là, il est trois fois frustré et il se retire plus encore en lui-même pour dissimuler ce qu’il ressent.
La colère est souvent semée par les parents qui voient dans leurs enfants des êtres qui les privent de leur propre vie. Les parents qui n’ont jamais eu la chance d’être libres et heureux, supportent mal de s’être mariés jeunes et de devoir se sacrifier pendant des années pour des bébés et des enfants exigeants. L’enfant en souffre souvent. Il lui faut payer le seul fait d’être vivant, parce que son existence constitue la négation de la liberté de ses parents. L’enfant en est puni assez tôt. Il ne lui est pas permis de montrer ses désirs (appelés
« exigences »), de se plaindre, de crier ou de se faire entendre. Pour gagner son droit de vie, il faudra qu'il exécute une foule d’ordres. Tous les jours de sa vie, il sera dressé à se débrouiller tout seul, à ne pas demander d’aide et finalement à assumer les charges et les responsabilités de ses parents. Il sentira dès son plus jeune âge qu’il est un obstacle et tentera désespérément d’expier un crime qu’il n’a pas commis.
Il grandira trop vite, prendra trop sur lui pour amadouer des parents qui le haïssent sans raison.
La colère est l’envers de l’espoir. Cette colère cache l’espoir de transformer les parents en personnes convenables, capables de sentiments.
En thérapie primale, je considère la colère qui reste chez un malade comme un signe de névrose.
D’abord parce que la colère implique un espoir irréel.
Ensuite parce qu’elle signifie que le petit enfant désire encore ses parents et ne s’est pas détaché d’eux. Il n’y a pas de colère adulte si le patient est en effet devenu un adulte réel, pour la même raison qu’il ne se mettrait pas en colère contre les pitreries névrotiques de n’importe quelle personne qu’il rencontre. Devenu adulte, il verrait la névrose de ses parents objectivement. (L’objectivité est l’absence de sentiments inconscients qui poussent le sujet à détourner la réalité de sa souffrance pour l’orienter vers la satisfaction de ses besoins). Ses parents ne seraient plus à ses yeux que des autres adultes affligés de névroses. Le sujet n’est en colère contre ses parents que quand il désire les voir changer et devenir ce dont il a besoin. Une fois les besoins ressentis et disparus, la colère a également disparu.
Je crois que le coléreux est le sujet qui n’est pas aimé – celui qui n’a pu être ce qu’il était réellement. En général, il est en colère contre ses parents parce qu’ils ne l’ont pas laissé être lui-même, et en colère contre lui-même parce qu’Il continue à renier son moi. Mais c’est le besoin qui est fondamental, la colère est l’effet secondaire. Elle survient quand le besoin n’est pas satisfait. Lorsque nous considérons le processus primal, nous constatons qu’il se déroule avec une rigueur presque mathématique. Les premiers primals ont souvent pour sujet la colère. Dans la seconde série, il s’agit de la souffrance et dans le troisième, du besoin d’amour. Le besoin et la non-satisfaction de ce besoin cause en général la plus violente douleur. Le processus primal se déroule comme la vie, mais en sens inverse. Dans la vie, il y a eu d’abord le besoin d’amour, puis la douleur de ne pas l’obtenir, enfin, la colère, pour atténuer la douleur. Le névrosé perd souvent tout souvenir de la première et de la deuxième étape, de sorte qu’il se retrouve habité d’une inexplicable colère. Mais la colère est, tout comme la dépression, une réaction à la souffrance et non un trait fondamental de caractère de l’homme. Il est quelquefois plus facile au jeune enfant de ressentir de la colère que de supporter l’horrible sentiment de solitude et d’abandon qu’elle cache, de sorte qu’il prétend que son sentiment de n’être pas aimé et d’être seul est quelque chose d’autre : de la haine. Mais, il est rare en thérapie primale que le patient ne manifeste que de la haine à l’égard de ses parents. Il dira plutôt : « aimez-moi, je vous en prie ; pourquoi ne m’aimez-vous pas ? Aimez- moi, salauds ! ».
Lorsqu’il est devenu adulte, le névrosé a tendance à penser qu’il n’éprouve que de la haine, mais en thérapie, il découvre que cette haine n’est qu’une couverture de plus sous laquelle il dissimule le besoin. Une fois le besoin ressenti, il n’y a plus guère de colère.
D’après la théorie primale, la colère est toujours dirigée contre quelqu’un qui en veut à votre vie. Il ne faut pas oublier que dans un sens, les parents névrotiques tuent inconsciemment leurs enfants ; ils tuent le moi réel de leurs rejetons ; la mort psychologique est un processus réel par lequel on extirpe de l’enfant toute vie. Il en résulte de la colère de la part de l’enfant : « je vous hais parce que vous ne me laissez pas vivre ».
Être quelqu’un d’autre que soi-même – c’est être mort.
Quand le névrosé réprime son besoin d’amour pour ne plus sentir que la colère, il peut essayer de s’en décharger jour après jour sur des objets symboliques : sa femme, ses enfants ou ses employés. Comme il n’établit pas la bonne connexion entre la colère et son origine, il continuera à s’en décharger de manière irréelle.
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Bien évidemment, il est aussi une colère réelle qui ne vient pas du passé. La colère que vous ressentez parce que votre garagiste a bâclé la réparation de votre voiture est tout à fait justifiée ; mais le sujet qui a des accès de colère quotidiens, irraisonnés, est dominé par son passé. Cela signifie que le névrosé est toujours sur le point de ressentir dans le présent ce qu’il a refoulé dans le passé. Ce qui n’a pas été résolu dans l’enfance s’infiltrera dans presque tout ce que le sujet fait plus tard dans sa vie, jusqu’à ce que ce soit résolu.
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Nous devons ressentir entièrement la colère pour arriver à l’éliminer. Le sujet qui ressent son moi au lieu de déjouer symboliquement ses sentiments, ne risque guère d’agir sous le coup de l’impulsivité ou de l’agressivité. La dialectique de la colère est la même que celle de la souffrance : dès qu’elle est ressentie, elle disparaît, tant qu’elle n’est pas ressentie, elle attend d’être ressentie.
L’idée de « contrôle de soi » implique le concept de clivage névrotique du moi. C’est le clivage qui est dangereux parce qu’il signifie que les sentiments refoulés doivent être dominés.
…………
Le problème est souvent que l’enfant est frustré et rendu furieux sans qu’il ne lui soit permis de montrer ses sentiments, de sorte qu’il en est réduit à trouver, pour se libérer, des solutions de remplacement -rixes à l’école, maux de tête, allergies. C’est ainsi que l’enfant est dépouillé de ses besoins et ensuite dépouillé une nouvelle fois des sentiments qu’il éprouve parce que ses besoins ne sont pas satisfaits. Il est donc deux fois perdant. Le comble, c’est que, si l’enfant en colère fait mauvais visage, il risque de se faire dire : « mais voyons, souris ! qu’est ce que tu as à faire cette tête-là ? À ce moment-là, il est trois fois frustré et il se retire plus encore en lui-même pour dissimuler ce qu’il ressent.
La colère est souvent semée par les parents qui voient dans leurs enfants des êtres qui les privent de leur propre vie. Les parents qui n’ont jamais eu la chance d’être libres et heureux, supportent mal de s’être mariés jeunes et de devoir se sacrifier pendant des années pour des bébés et des enfants exigeants. L’enfant en souffre souvent. Il lui faut payer le seul fait d’être vivant, parce que son existence constitue la négation de la liberté de ses parents. L’enfant en est puni assez tôt. Il ne lui est pas permis de montrer ses désirs (appelés
« exigences »), de se plaindre, de crier ou de se faire entendre. Pour gagner son droit de vie, il faudra qu'il exécute une foule d’ordres. Tous les jours de sa vie, il sera dressé à se débrouiller tout seul, à ne pas demander d’aide et finalement à assumer les charges et les responsabilités de ses parents. Il sentira dès son plus jeune âge qu’il est un obstacle et tentera désespérément d’expier un crime qu’il n’a pas commis.
Il grandira trop vite, prendra trop sur lui pour amadouer des parents qui le haïssent sans raison.
La colère est l’envers de l’espoir. Cette colère cache l’espoir de transformer les parents en personnes convenables, capables de sentiments.
En thérapie primale, je considère la colère qui reste chez un malade comme un signe de névrose.
D’abord parce que la colère implique un espoir irréel.
Ensuite parce qu’elle signifie que le petit enfant désire encore ses parents et ne s’est pas détaché d’eux. Il n’y a pas de colère adulte si le patient est en effet devenu un adulte réel, pour la même raison qu’il ne se mettrait pas en colère contre les pitreries névrotiques de n’importe quelle personne qu’il rencontre. Devenu adulte, il verrait la névrose de ses parents objectivement. (L’objectivité est l’absence de sentiments inconscients qui poussent le sujet à détourner la réalité de sa souffrance pour l’orienter vers la satisfaction de ses besoins). Ses parents ne seraient plus à ses yeux que des autres adultes affligés de névroses. Le sujet n’est en colère contre ses parents que quand il désire les voir changer et devenir ce dont il a besoin. Une fois les besoins ressentis et disparus, la colère a également disparu.