Mouvement interrompu et colère

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La restauration du mouvement interrompu permet de prendre la mesure de la douleur qu'a ressenti le petit enfant suite à ces moments où il s'est trouvé seul dans l’existence, sans mère, sans maman pour pouvoir accueillir son élan naturel d’aller vers l’être aimé, l'être référent qui permet de tisser le lien et procure sécurité et amour.

Ce travail facilite l'émergence d'émotions douloureuses qui ont été contenues, retenues jusque là dont la colère, légitimement ressentie par le petit enfant dans ce traumatisme ; c’est une étape nécessaire  qui a besoin d’être reconnue, accueillie et exprimée par l’adulte au cours d'un travail de restauration de cet élan. Cette expression est une clé qui ouvre la porte à des sentiments plus douloureux comme le désespoir, la tristesse, la peur du rejet ou de l’abandon, qui sont inacceptables et ingérables pour un petit enfant.

Ces émotions fortes ont été refoulées, pour mieux survivre, et restent des handicaps pour une personne adulte, dans ses relations affectives, lui faisant vivre des échecs, de la frustration et une difficulté à exprimer ses émotions. Un côté dépressif habite souvent cette personne et l’empêche d’aller vers l’autre de façon naturelle et d’aller dans l’existence avec allant. Un programme sabote, à son insu et à ses dépens, son existence actuelle.

C’est la traversée de ces émotions et la prise de conscience de décisions prises alors comme “ça ne vaut pas la peine d’exister, à quoi bon, ça ne sert à rien d’aimer” qui permettent à la personne de commencer à terminer ce cycle inachevé. Ces décisions réactives devenues réaltiés pour la personne peuvent alors être réactualisées et de nouvelles statégies élaborées.
L’adulte resté bloqué, prisonnier dans ses blessures d’enfant va pouvoir vivre les expériences du temps présent sans y coller, projeter les empreintes des douleurs du passé.

“Les sentiments violents comme la colère remontent souvent au point où un élan précoce a été interrompu, là où l’enfant n’a pas pu poursuivre dans son élan. La colère permet à l’enfant de se protéger contre la douleur d’aimer. Ici, la colère est l’autre face de l’amour.
En thérapie, si je laisse le sujet exprimé sa colère, je ne fais que reproduire ce qui s’est passé jadis, car l’élan reste interrompu. L’expérience se répète mais la solution est absente. la colère donne au sujet l’illusion d’être supérieur à ses parents. Dans de telles crises, certains vont jusqu’à dire au père ou à la mère : “je vais te tuer”. Puis ils bercent l’illusion d’avoir commis l’acte par le fait de l’exprimer et d’avoir atteint leur but. En fait, ils n’ont rien atteint du tout et ils s’en puniront par la suite.
Lorsque que quelqu’un s’apprête à entrer dans une telle colère dans une thérapie, je l’arrête. Car cette colère ne sert qu’à refouler quelque chose. Puisque je ne le laisse pas exprimer sa colère, il entre en contact avec le sentiment sous-jacent à la colère : l’amour et la douleur. Ces deux sentiments sont inséparables. L’amour est bien plus douloureux que la colère. En fait, l’amour est le plus douloureux des sentiments parce que nous le vivons accompagné d’un sentiment d’impuissance absolue. Donc si j’exprime ma colère, je nie mon impuissance : je ne la ressens pas.
Arrivé à ce point-là, il est impératif que la personne concernée dise “s’il te plaît”. Ressentez vous la puissance issue de ces mots, contrairement à l’accès de colère ? “Papa, s’il te plaît – Maman, s’il te plaît.” Quelle puissance et quelle douleur ! Dans certaines situations, un enfant a pu se sentir abandonné alors qu’il a  simplement été oublié, par mégarde. Ce sentiment d’abandon suscite en lui un profond désespoir. S’il permet à ce dernier de s’exprimer en thérapie, l’effet sera bénéfique. Ce n’est pas un refus ou une défense face à l'abandon, mais un moyen de l’aborder dans son coeur. Voilà qui est bénéfique”.1


Restaurer le mouvement interrompu, c’est recontacter ce moment où l’élan a été coupé afin de libérer les charges émotionnelles restées bloquées et donner à la personne la sécurité nécessaire pour aller vers l’autre. Ce processus apportera un soulagement, une libération à une personne blessée qui retrouvera de l'énergie et de la joie à exister.

Christiane Perreau


1 citation de Bert Hellinger, extrait du livre de Berthold Ulsamer Manuel des Constellations Familiales



Des stages conçus et animés par Brigitte Asselineau et Christiane Perreau
abordent d'une façon spécifique cet élan interrompu et sa restauration.
Pour en savoir plus, demandez le programme détaillé.









































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