Inclure au lieu d'exclure - (3ème partie)

Publié le par Christiane Perreau

 

La loyauté au clan familial, source de sécurité, de cohésion, de stabilité

 

INCLURE AU LIEU D’EXCLURE

Un chemin vers l’UNITÉ

 

(3ème partie)

 

 

D’abord merci à celles et ceux qui m’ont adressé

leurs appréciations et leurs points de vue.

 

Je continue cette réflexion en abordant ce thème sous l’angle de la loyauté,

concept antérieur à la constellation, dû à Ivan Boszormeny-Nagy.

 

 Comprendre un peu mieux, nous aide à faire face à la réalité.

 

Christiane Perreau

 

 

 

Loyauté : source de résilience ou obstacle

 

 

Le concept de loyauté familiale a été introduit il y a plus 50 ans par Ivan Boszormeny-Nagy, Psychiatre d’origine hongroise, pionnier de la thérapie familiale et auteur de Invisible Loyalties, non traduit en français.

 

Suivant Ivan Boszormeny-Nagy, le concept de loyauté est un ensemble d'attentes et d'injonctions familiales intériorisées. Il est inséparable des concepts de confiance, d’équité, de fiabilité, de légitimité qui sont les bases des relations humaines et particulièrement des relations familiales.

 

Sa femme, Catherine Ducommun Naguy nous a donné accès aux recherches de son mari dans un ouvrage de référence, Ces loyautés qui nous libèrent où elle définit la loyauté comme suit :

 

 « Ce qui nous caractérise en tant qu’être humain, c’est avant tout notre attente de réciprocité et d’équité dans les relations que nous avons avec les autres. Dans cette perspective, la loyauté peut se définir avant tout comme l’engagement que nous prenons de venir en aide à ceux qui nous ont aidés ».

 

La loyauté, source de liberté

 

La loyauté relie un individu à un autre ou à un groupe ou un pays. Le tout premier lien que nous tissons, c’est avec nos parents. Avec eux, nous établissons notre premier groupe d’appartenance. Avec eux, nous construisons une fidélité inconditionnelle ; leurs règles, leurs valeurs mais aussi, leurs secrets de famille, leurs traumatismes, leurs schémas de survie deviennent les nôtres. Sans ce clan, notre survie serait en danger. Ainsi, le petit enfant n’a pas d’autre choix que d’être fidèle à sa famille ce qui détermine une grande partie de sa personnalité et de son destin.

 

Sans que nous en soyons vraiment conscients, la loyauté nous relie aux vivants et aux morts de notre famille, aux générations passées comme aux générations futures.

 

Et au cours de notre processus d’autonomie, nous allons être amenés à faire des choix :

  • Être loyales ou loyaux à nos parents, à notre clan. Faire comme eux, respecter leurs idées, leurs croyances et aller jusqu’à vivre une partie de leur destin à leur place ?
  • Ou suivre une autre voie, la nôtre ou celle d’une personne ou d’un groupe important pour nous ? Ce qui implique d’être infidèle à notre clan ?

Il n’y a pas d’individuation sans remise en cause de notre héritage familail. Personne ne peut échapper à ce dilemme. Si nous avons beaucoup reçu de nos parents, il sera plus facile d’être nous-mêmes et de prendre la force vitale reçue de notre clan. Mais, si nous ne pouvons pas prendre de nos parents, de nos ancêtres car notre système est trop « malade », dysfonctionnant voire destructeur, comment manifester notre loyauté de manière constructive ?

 

Prendre père et mère ou être loyal à sa famille ne veut pas dire prendre leurs dettes, leurs drames, leurs fautes, leurs destins tragiques. Au lieu de cela, nous pourrions leur rendre hommage et les inclure en conscience, dans notre réalité personnelle, tout en laissant à chacun la responsabilité de son vécu, de ses traumatismes, de ses actes néfastes.

 

Nous pourrions leur accorder une place dans notre arbre, en toute conscience, même si c’est un voleur, un violeur, un meurtrier ou un traitre !  Ce n’est pas déresponsabiliser ou excuser, bien au contraire. C’est comprendre de manière holistique. Quand nous laissons à une personne la responsabilité de ses torts, de ses actes nuisibles, elle s’ouvre à un autre niveau de conscience. Elle prend l’autre en compte et devient consciente de la souffrance qu’elle a causée, parfois sur plusieurs générations. Lui dire « quoique tu aies fait, tu fais toujours partie de nous » est très libérateur. Malgré tout, cette personne continue d’appartenir à son clan.

 

C’est lui accorder le statut d’Être humain et reconnaître qu’elle peut être digne de confiance. C’est toujours émouvant de voir en constellation le représentant d’une personne qui a causé du tort à une autre, sortir de sa zone d’inconscience, de refoulement. C’est souvent un mouvement lent et délicat où il lui faut du soutien pour qu’elle commence à réaliser qu’elle a peut-être tué, exploité, maltraité, nui à d’autres.

 

Peu à peu des émotions et un sentiment de culpabilité émergent. Elle ne peut plus se retrancher derrière une pseudo « innocence ». Elle arrive à reconnaître ses torts et assumer ses responsabilités. Nous voyons alors cette personne grandir et retrouver sa dignité d’être humain.  Ainsi, la loyauté devient source de résilience et d’autonomie.

 

« Si dépendance et autonomie étaient des notions antithétiques, alors il serait légitime de penser que la loyauté, l’engagement qui nous lie aux autres, est un lien qui nous place dans une situation de dépendance et qui nous empêche d’accéder à l’autonomie. Or, il n’existe pas d’autonomie sans dépendance.

…….

La loyauté est au service de notre autonomie, justement parce qu’elle établit un lien avec les autres, ce lien dont nous avons besoin pour devenir autonome. »

 

Catherine Ducommun Naguy - Ces loyautés qui nous libèrent

 

 

 

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