Inclure au lieu d'exclure (2ème partie)

Publié le par Christiane Perreau

INCLURE AU LIEU D’EXCLURE

Un chemin vers l’UNITÉ

 

(2ème partie)

 

http://www.constellations-je-nous.com/2020/04/inclure-au-lieu-d-exclure-1ere-partie.html

 

La semaine passée, j’ai entamé une réflexion sur ce qui blesse les systèmes d’après ce qui est observé en thérapie systémique.  La crise actuelle bouleverse nos habitudes, nos schémas et j’ai eu envie de regarder cette crise

d’après les observations et principes de la constellation.

 

 Comprendre un peu mieux nous aide à faire face.

 Ce que je partage n’est ni la vérité ni exhaustif.

 C’est juste un point de vue !

À chacun(e) d’établir le sien.

Christiane Perreau

 

 

 

Qui constitue notre clan ?

 

Avant d’entrer plus profondément dans les dynamiques qui engendrent des maladies, des accidents, des suicides, rappelons qui fait partie de notre clan.

 

  • Nos parents et leurs frères et sœurs, demi-frères, demi-sœurs
  • Nos frères et sœurs, demi-frères, demi-sœurs
  • Nos grands-parents côté maternel et côté paternel
  • Parfois un de nos arrière-grand-parent
  • Tous ceux qui ont laissé, d’une façon ou d’une autre, leur place comme un ex-fiancé, un premier amour, un ex-époux de nos parents ou grands-parents
  • Tous ceux qui ont eu un destin difficile au profit d’un des membres de notre clan
  • Tous ceux qui ont nui à notre clan.

 

La force du lien et de l’amour

 

Toutes les personnes qui forment notre système sont liées, que ces personnes soient vivantes ou mortes. Et les enfants, les plus fragiles du système sont particulièrement sensibles au vécu de leurs ancêtres. Ils perçoivent lorsque leur clan est en ordre ou pas.  La perception d’un déséquilibre les amène à vouloir rétablir un équilibre pour que la survie du clan soit meilleure. C’est ainsi que naissent les intrications ou identifications inconscientes.

 

Les enfants sont prêts à tomber malades pour retenir un des leurs en vie ; ils iront même jusqu’à suivre une personne dans la mort, mus par la pensée magique et l’illusion qu’il est possible de la sauver au détriment de leur propre santé, de leur propre vie.

 

« Ainsi, le lien veut que les valides se sentent responsables des malades,

les innocents des coupables, les bienheureux des malheureux

 et les vivants des disparus. »

Bert Hellinger

 

Ainsi nous sommes prêts à sacrifier notre vie, notre bonheur, notre destin ; nous croyons que ce sacrifice rendra l’autre heureux ; nous allons même jusqu’à croire que nous pourrions le ramener d’entre les morts… C’est un amour inconditionnel mais inconscient et aveugle qui pousse un enfant à contribuer au destin tragique d’un des siens. Il tente, en vain, de faire que son clan soit complet et en harmonie, ignorant qu’il est en train d’ajouter du malheur au malheur.

 

L’enfant ne sait pas qu’il y a une autre façon de maintenir le lien et l’harmonie avec ceux qui ont eu un destin tragique ; il ne sait pas qu’il y a une autre façon de manifester son amour !! Tout comme le système, il ne sait pas qu’il est possible de créer des liens plus bénéfiques pour tous. Mais, la pression du système est irrésistible pour un enfant ! Il n’a pas le choix, il est contraint.

 

Quelque chose de son système n’a pas été vu, intégré par la famille, en temps réel, car le choc était trop violent, trop brutal, trop douloureux. L’incident traumatique était peut-être impensable voire impensé (Hiroshima, les camps de concentration, la torture, les guerres, les génocides, la perte d’enfants, la mort de femmes en couches par exemple). De tels traumatismes ont marqué profondément les familles et les peuples. Est-ce que les personnes qui vont vécu ces incidents ont pu les intégrer en temps réel ?  Cela semble difficile… La survie pousse à refouler, à résister. Le refoulement et la résistance sont les premiers modes de survie qui sont d’une certaine façon des formes d’exclusion.

 

Ainsi, des incidents traumatiques non résolus amènent des descendants à contribuer au destin de leurs ancêtres. Ils tentent de rappeler à la mémoire des familles, des populations ceux et celles qui ont été oubliés, exclus, reniés, trahis. Ils tentent de résoudre, pour la survie des leurs, ce qui est resté en suspens, ce qui a été refoulé. Mais à quel prix !

 

Les liens brisés

 

Ce qui se passe actuellement avec le covid19 n’est-il pas le résultat d’un profond déséquilibre de l’ensemble de nos systèmes (familiaux, sociaux, économiques, écologiques) ?  Le confinement entraîne la peur de l’autre qui devient un danger potentiel. Le confinement, l’isolement constituent des formes de violence. Dans certaines populations primitives la punition ultime était le bannissement du groupe.

 

Même s’il y a de beaux mouvements de solidarité, nous pouvons constater que ce confinement est propice à la division, à l’exclusion. Les enfants ne peuvent plus jouer avec leurs petits copains. Des grands parents ne peuvent plus voir leurs petits-enfants. Des parents n’osent plus prendre dans leurs bras leurs enfants de retour de l’étranger ou de la fac. Des personnes âgées sont isolées de leurs proches ; des familles ne peuvent pas dire au revoir à leurs parents et faire leur deuil.

 

Autant de situations qui constituent des ruptures de liens qui viennent restimuler des ruptures basiques, primaires (celles que nous avons vécues dans notre enfance). Ces situations auront d’autant plus de répercussions qu’elles seront vécues dans l’isolement. Il est crucial de ne pas vivre les traumatismes seuls !!

 

Notre plus grande richesse ne serait-elle pas nos liens familiaux, amicaux, sociaux ? Ces liens si précieux participent grandement à notre santé physique et mentale. Nous savons aujourd’hui que les pertes de liens avec nos proches entrainent des états inflammatoires qui fragilisent notre système immunitaire, notre santé physique et émotionnelle.

 

Ne serait-il pas important de prendre en compte ces liens dans la gestion d’une telle crise ?  Quand la survie est en danger, n’y a-t-il pas un risque que « le chacun pour soi » l’emporte sur l’entraide ? Quelles incidences cela va-t-il avoir sur notre survie et celle de nos descendants ?

Quel héritage allons-nous laisser ? Qui va tenter de réparer ces exclusions ? Qui va payer pour ceux qui n’ont pas été honoré ? pleuré ?

 

Christiane

 

(à suivre)

 

Bibliographie

Entretien avec Virginia Satir – Santé mentale au Québec   

Les Fondements de l’amour dans le couple et la famille de B. Hellinger

 

 

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