UN CHEMIN DE MATURITÉ, L'INTÉGRATION DE NOS MANQUES (5ème partie)
Projeter les manques sur le partenaire
La personne bloquée dans un besoin d’attention, d’amour de ses parents, attend d’être vue, prise en compte, choyée, soutenue comme un petit enfant. Sa position d’adulte est difficile à tenir car son existence est conditionnée par l’autre et une insécurité de base. Cette problématique se rencontre souvent chez les personnes qui n’ont pas pu prendre leurs parents tels qu’ils sont, qui n’ont pas pu créer un lien d’attachement sécure. Leurs blessures d’enfant justifient cette façon d’être qui peut aller jusqu’à un rejet total du parent. Cependant c’est une situation qui va être lourde de conséquences si elle n’est pas transformée, intégrée.
Nous entendons alors des propos comme « je ne veux rien avoir à faire avec ma mère » ou « je refuse d’être son fils » ou « je veux surtout pas ressembler à ma mère ». La personne ne réalise pas qu’elle est complètement liée, enchaînée au père ou à la mère qu’elle rejette ; elle ne peut pas être libre et autonome dans de telles conditions. Ce lien va parfois jusqu’à la haine et la personne va se détester de haïr son parent et cela inconsciemment. De plus, elle risque d’être fidèle au parent exclu, dans le côté négatif, d’où des difficultés à réussir, à être en santé, épanouie. Le résultat est une personne divisée, morcelée, coupée de la Vie.
La maturité émotionnelle est stoppée et la personne espère encore que le parent change de comportement, lui donne ce qu’il aurait été légitime de recevoir pour s’envoler librement vers la vie, avec élan et curiosité. Cet état d’attente nous piège dans une dépendance à autrui qui nous amène à projeter, inconsciemment, le parent « rêvé » et « haï » sur notre partenaire qui se trouve submergé par cette demande à laquelle il ne peut répondre. En effet, si nous attendons de notre partenaire qu’il nous protège comme un père ou une mère aurait dû le faire, nous nous comportons en enfant et non en adulte. Ce qui risque d’amener le partenaire à se comporter en parent, en éducateur, en sauveur.
Nous ne sommes plus sur un plan d’égalité. L’ordre systémique est perturbé ; une relation entre un homme et une femme est basée sur un principe d’égalité où chacun est adulte et équilibre ce qu’il reçoit et donne à l’autre. Ce principe garantit l’ordre systémique et une relation de couple stable, durable. Demander à notre partenaire d’être notre parent perturbe la relation et la hiérarchie systémique. Cela crée de la confusion entre les identités d’adultes, d’enfants et bouleverse l’ordre des places selon notre arrivée dans le système ce qui va être source d’intrications ou identifications inconscientes. Comment les enfants de ces parents pourront-ils être à leur place si leurs parents n’y sont pas ?
Par ailleurs, les couples trouvent un certain équilibre avec des partenaires qui ont vécu des manques affectifs et des expériences similaires. Si ces douleurs ne sont pas métabolisées, chacun risque d’attendre de l’autre qu’il change et comble ce qui a tant manqué. C’est mission impossible dont l’issue risque d’être le départ ou la mise en retrait du partenaire qui doit gérer une telle pression.
Cette demande assortie de ressentis négatifs ne s’adresse pas à la bonne personne. C’est le parent qui aurait dû être le sujet et l’objet de ces demandes. C’est le parent qui aurait dû nourrir les besoins de l’enfant et accueillir sa colère ou sa haine ce qu'il n’a pas pu faire, notamment à cause des désordres de son clan. Mais, même si le partenaire répondait de son mieux à ces attentes, cela ne solutionnerait en rien les causes profondes, inhérentes à la construction mentale de la personne. Ce serait juste une compensation.
Que de souffrances évitées dans les couples si chacun était à sa juste place et prenait responsabilité de ses propres défaillances, manques pour les transformer en conscience et en faire un chemin de maturité ! Que de souffrances évitées si nous pouvions être conscients que nous avons créé ou co-créé toutes ces histoires, en tant que Conscience, histoires auxquelles nous nous identifions et qui nous donnent le sentiment d’exister ! Que de souffrances évitées si nous pouvions revisiter nos histoires et changer nos points de vue ! La Constellation et la Clarification sont deux approches qui permettent de prendre cette direction et d’unifier nos parties conflictuelles.
Christiane Perreau(à suivre)
Un enfant qui refuse ses parents se sent incomplet et n'est pas en accord avec lui-même. Il va chercher à compenser ce manque, et c'est souvent que sa recherche de lui-même et de la connaissance n'est en fait que la recherche du père ou de la mère qu'il n'a pas accepté(e).
Il arrive souvent qu’une “midlife crisis” se termine quand on arrive à prendre du parent
-qu’on a jusque là rejeté- ce qu’il peut donner.
Les liens qui libèrent Dr Gunthard Webermidlife crisis : crise de la cinquantaine
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