Un chemin de maturité, l'intégration de nos manques (3ème partie)
Apprivoiser le manque
Parfois la personne se rebelle car elle a l’impression qu’elle ne pourra jamais remplir ce vide qui l’habite, seule ; elle trouve injuste de devoir faire cela alors qu’il serait légitime que maman lui donne la présence et l’attention qui ont tant fait défaut. Elle attend toujours un changement chez maman, papa… elle aimerait bien négocier, gagner un peu de temps…. Elle aimerait encore espérer que les autres comblent cette blessure, ce gouffre abyssal.
La constellation va nous permettre d’apprivoiser ce manque au lieu de le repousser, le refouler, lui résister et lui dire « je n’ai pas besoin de toi ». Des liens positifs vont commencer à se créer et le manque, comme le renard au Petit Prince, peut répondre :
« Mais, si tu m’apprivoises,
Nous aurons besoin l’un de l’autre.
Tu seras pour moi unique au monde.
Je serai pour toi unique au monde… »
La personne voit le manque s’approcher d’elle, par exemple et se transformer en soutien, en douceur qui la remplissent. Elle n’est plus seule et son ennemi devient un ami, potentiel de ressources, de conscience qui libère l’élan vital bloqué depuis l’enfance.Elle réalise que ce vide connu depuis si longtemps ne risque plus de l’engloutir, de l’anéantir mais qu’elle peut le contenir, elle est assez grande pour le regarder en face.
Bien sûr cela est symbolique mais, c’est une expérience puissante qui fait surgir des émotions, des douleurs, des croyances enfouies tout en laissant une empreinte vivante indéniable ; il devient concevable que l’accueil du manque est un réel chemin qui soulage les tensions, transformant les blocages en énergie qui circule. La personne entrevoit une issue dont elle sera le maître d’œuvre. Son histoire n’est plus ni une fatalité ni une malédiction. Un sens nouveau apparaît. La vie renaît.
Se changer soi
Ce processus ouvre la voie d’un changement profond car la personne peut reprendre en mains son destin pour se changer elle et changer ses représentations mentales car la source de nos souffrances se trouve essentiellement dans notre esprit, dans les images que nous avons de papa, maman et des traumatismes vécus. Au lieu de rester sous l’emprise aveugle de cette histoire, nous avons le choix d’en accueillir tous les effets pour devenir notre propre autorité. Au lieu de rester victime et impuissante, nous perdonsl’illusion que l’autre change et gagnons en autonomie.
Parfois, pour bien ancrer qu’il n’y a pas d’autre choix possible, nous représentons "tout ce qui a manqué et qu’on aura jamais ». En effet, quand le parent est mort ou qu’il est trop effondré, trop défaillant, que les ancêtres ont connu trop de malheurs et/ou une survie très précaire, il est crucial d’arrêter d’attendre un miracle et de sortir de la pensée magique. L’illusion ne fait qu’entretenir les douleurs et l’inconscience, nous éloignant toujours un peu plus des causes fondamentales de la souffrance. La solution d’un problème réside dans sa cause. Et si cette cause peut être vue, onscientisée, cela ouvre la voie à une réelle et profonde transformation.(à suivre)
Christiane Perreau
Bibliographie : Le Petit Prince - Saint Exupéry