Prendre le gain ou les pertes (3ème partie)
Les familles n’aiment pas les changements qui bouleversent l’ordre
Tous les événements qui perturbent l’ordre d’une famille créent des bouleversements d’autant plus dramatiques qu’ils sont brutaux, soudains, douloureux. Il est quasi impossible d’accueillir de tels changements et de s’y adapter. Ils déséquilibrent trop brusquement le système.
Les familles n’aiment pas les changements qui constituent une menace pour leur organisation, leur structure, et encore moins, quand ces changements sont violents, inattendus et ingérables. La survie de tout système s’inscrit dans une certaine continuité, stabilité tout en s’adaptant aux changements progressifs. Sans adaptation, n’importe quel système est voué à la destruction.
Mais les traumatismes majeurs comme la mort, les guerres, les séparations, les maladies rompent cet équilibre ce qui réactive l’insécurité et les mécanismes de refoulement. Le système aura plutôt tendance à résister à ces changements brusques qu’il ne peut accueillir, se figeant dans des états négatifs ; nous voyons cela dans les familles marquées par des morts violentes, précoces ; les individus et le système sont figés dans la mort qui devient leur mode de survie. Ni morts, ni vivants, ils respirent juste ce qu’il faut pour continuer à survivre, anesthésiés pour ne plus ressentir la douleur, le chagrin, la colère, la culpabilité. Le temps psychologique s’arrête pour eux.
Ces événements non métabolisés par les familles créent des zones d’inconscience, de véritables « trous noirs » qui aspirent les unités de vie, de conscience du système. Il est alors difficile pour ceux qui naissent après de tels incidents de prendre vraiment le gain de la vie sans répéter, sans tenter de réparer ou payer. La conscience familiale a une emprise considérable sur l’individu dont la survie dépend du clan. Le petit enfant ne peut survivre seul, sans le groupe et n’a pas les moyens de résister à une telle contrainte.
(à suivre)