Soigner la violence du "monde malade" P & A Philippon
Chères lectrices, chers lecteurs,
2015 se termine et je ne peux m’empêcher de penser à tous ces parents qui ont perdu un enfant, à tous ces enfants qui ont perdu un parent, un frère, une sœur, à toutes ces personnes qui ont perdu un ami dans des événements tragiques qui laissent de profondes blessures difficiles à intégrer. Blessures dont nous pouvons observer les effets sur plusieurs générations, notamment quand une personne, un groupe se trouvent être sous l’influence d’une violence destructrice.
Je vous ai, à plusieurs reprises, dit ma conviction concernant l’importance du travail intérieur, de la clarification de nos ombres et l’Éveil à notre Vraie Nature, qui, pour moi, sont les seules choses que je puisse faire pour que
“ le monde aille mieux”.
J’ai reçu en cette fin d’année le programme de travail de Pierre Philippon avec qui j’ai travaillé pendant 7 ans environ. Pierre (Butsu’un-ken) est responsable et animateur du centre de Paimbleau où il enseigne le zen selon l’école Sanbô Zen International ; il est également professeur et formateur en Jeu de Gestes Initiatique selon Silvia Ostertag.® et a été coresponsable du Centre Dürckheim de janvier 1987 à décembre 1999.
Je dois beaucoup à Pierre et son accompagnement m’a ouvert à la Voie que je pratique actuellement (La Voie Directe), une voie d’Eveil et de clarification qui est très proche du Zen. Je lui garde une immense gratitude. Il fait partie de ma lignée spirituelle... Pour parler en termes de constellation.
Quand j’ai lu le texte qui suit, également signé par Arielle sa femme, je n’ai pu qu’adhérer à ce point de vue. Je ne pouvais écrire mieux et ce sont ces mots justes et pertinents que je souhaite partager avec vous en guise de vœux pour nous, l’Humanité, pour les années à venir et pour vous lorsque je vous accompagne dans mes stages.
Christiane Perreau
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Soigner la violence du « monde malade »Pour la France, l’année 2015 a commencé avec les terribles attaques à Charlie Hebdo et à l’hyper casher de la porte de Vincennes, et se termine dans cette atmosphère de « guerre, » selon les termes officiels, suite aux attentats sanglants qui ont eu lieu à Paris. « Le monde est malade de la violence » dit-on parfois trop facilement. Les images de volcans, tornades, typhons, ouragans et autres tsunamis qui emportent tout sur leur passage, ou celles que l’on peut voir dans les documentaires animaliers où des fauves dégustent leur proie encore vivante, sont d’une violence extrême. La violence n’est donc pas une spécificité humaine, mais les éléments qui se déchainent sont dépourvus d’intentions destructrices et les prédateurs qui tuent le font par instinct de survie, généralement pour se nourrir.
Les personnes qui disent que « le monde est malade » tentent parfois de masquer derrière l’allégorie du « monde » le comportement des humains, et ainsi de s’abriter sous une sorte de fatalisme et d’impuissance, comme ceux que l’on peut ressentir face à la violence d’un tremblement de terre. D’autres au contraire, reconnaissent la dimension humaine de la
violence, l’identifient, la nomment... chez l’autre bien sûr ! l’autre qui parfois, lui-même, l’assume en la revendiquant, au nom d’une supposée mission religieuse ou politique.
L’annonce des attentats dans son propre pays a un effet de loupe sur la violence qui existe partout dans le monde, à tout instant, même si le plus souvent beaucoup n’y prêtent pas attention, parce que c’est ailleurs, loin, et qu’ils ne se sentent pas directement concernés.
Mais nous serions bienvenus d’intégrer que la violence du monde c’est la nôtre ; la nôtre, c'est-à-dire celle de chacun ; pas seulement celle de l’autre, qu’on l’appelle terroriste, violeur, criminel, ou nation, état, armée, missile, bombe, etc.
Imaginer que seuls les autres seraient porteurs d’un potentiel de violence destructrice est d’une grande immaturité. La première définition que donne de la violence le dictionnaire Littré est la suivante : « qualité de ce qui agit avec force. » Cette définition est tout à fait neutre ; elle n’est porteuse d’aucune appréciation morale, ce qui est très pertinent, car le problème de la violence c’est l’usage que l’on en fait, l’orientation qu’on lui donne, ce n’est ni sa force propre, ni le jugement que l’on porte sur elle ; on ne peut juger un tsunami ou un lion au nom de valeurs morales ; un criminel oui ! on peut aussi reconnaître en soi un mouvement de violence sans faire comme s’il n’était pas là, sans non plus l’incarner dans une action dévastatrice, mais en le transformant en créativité, en engagement, et en prenant ainsi soin de soi-même.
Mais comment « soigner la violence du monde ?
Force est de constater que depuis la nuit des temps aucune thérapie n’a marché à ce sujet !
Lorsque l’on se met en ordre, le monde se met en ordre ! Lorsque l’on s’ouvre à la paix en soi, elle rayonne autour de soi. Les personnes qui se sont engagées sur une voie d’éveil et de maturation, témoignent souvent qu’au fur et à mesure de leur propre cheminement, « leur monde » (proches, famille, collègues) se transforme. À l’heure du numérique, de la pensée binaire, dualiste, il est grand temps de s’ouvrir à l’expérience de l’unité indissociable.
La contribution que nous y apportons depuis 15 ans s’appuie d’abord sur la pratique du silence (Zazen) ; c’est une pratique quotidienne à Paimbleau, et c’est le cœur battant des sesshins ; ce n’est pas un repli sur soi, comme le pensent parfois ceux qui ne l’ont jamais pratiquée ; zazen dissout au contraire jour après jour la frontière illusoire que le moi crée entre lui et le monde pour se protéger du danger que ce dernier représente, sans s’apercevoir que c’est lui-même qui crée et nourrit ce danger par ses comportements égocentriques et timorés.
Par ailleurs, reconnaitre sa peur, au lieu de la nier, la comprendre, l’intégrer, et s’en libérer, c’est une manière immédiate de prendre soin de la violence du soi-disant « monde malade. »
Nous formons le vœu que, grâce au cheminement de chacun et au respect de l’autre, la sagesse, comme l’encre sur le buvard, imprègne peu à peu l’humanité souffrante.
Pierre & Arielle Philippon
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Le programme de stages de 2016 est paru ;
si vous ne l'avez pas reçu, n'hésitez pas à me le demander