Les connexions avec d'autres systèmes : un complément d'information

Publié le par Christiane Perreau

Qui fait partie de notre système

suite aux articles sur la puissance destructrice des désordres systémiques

en réponse au réflexions d'une lectrice

 

 

Partage de Michèle

Je suis impressionnée de voir toutes les personnes qui font partie du système d'une personne... ce qui augmente considérablement les possibilités de nœuds difficiles à dénouer.
Bien sûr, il y a aussi toutes les bonnes relations, les chouettes événements... mais tout cela s'imbrique avec le grave, le négatif, le lourd et pour détricoter tout ça, ça ne se fait pas en deux coups de cuiller à pot !!!
Courage pour y plonger + persévérance : c'est comme ça que je vois le tableau !!!

 

 

Réponse de Christiane


Merci Michèle pour ce partage ; oui nous avons tendance à voir notre système en terme de liens de sang ou d’alliance. Mais il y a des événements qui font que nous pouvons être liés à d’autres systèmes. Ce lien va se créer via le partage de certaines expériences, qui si elles sont traumatiques, laisseront des empreintes dans les systèmes concernés. Voici quelques exemples :

*** les personnes qui ont été massacrées dans l’attentat de Charlie Hebdo en janvier ont un lien avec les tueurs ; le système auquel appartient chaque personne tuée est en lien avec un autre système, celui des terroristes, celui des autres victimes, celui des survivants. Comment les membres des familles endeuillées peuvent-elles survivre sans éprouver de la haine et l’envie de se venger, de justice pour ceux qui ont tué leurs proches. La haine est un lien puissant qui nous lie, nous emprisonne. De plus les survivants peuvent se dire qu’ils ont maintenant à payer pour être restés en vie alors que d’autres sont morts.

*** prenons l’exemple du crash de l’A320 dans les Alpes de Haute Provence en mars dernier, provoqué vraisemblablement par le copilote, malade psychologiquement qui s’est suicidé avec les 147 passagers ; comment ne pas être en colère contre ce jeune homme, contre la compagnie d’aviation même, comment ne pas se sentir victime d’un destin tragique, d’une injustice. Ainsi les familles qui ont perdu des parents, des enfants se trouvent liées par la douleur, la révolte, l’incompréhension et ce changement imprévisible dans leur système.
 
*** un médecin accouche une femme ; c’est le premier enfant d’un jeune couple ; mais l’enfant se présente mal et  le médecin doit faire face à une lourde décision : sauver la mère ou l’enfant. Le père décide de sacrifier l’enfant à naître. La gravité d’une telle décision lie ce médecin et ces parents.
 
*** des enfants adoptés appartiennent à 2 systèmes : leur système d’origine et leur système actuel. Chaque système devra reconnaître l’existence de l’autre avec des valeurs, des croyances, des nationalités souvent différentes. Sans les parents biologiques, les parents d’adoption n’auraient pas eu cet enfant. Sans ces parents d’adoption, cet enfant aurait peut être eu des conditions de survie plus précaires et cela doit être honoré.
 
***   en cas de procréation assistée avec un don de sperme d’un inconnu, celui-ci fait partie aussi du système actuel ; l’ignorer pourrait être fort dommageable pour l’enfant et le couple. Il peut se créer des liens toxiques puissants ; j’ai pu observer une femme qui était tombée « amoureuse» du donneur dont elle ne savait rien. Elle avait fantasmé sur cet homme « idéal », mettant ainsi son couple et son enfant en danger.
 

 

Partage de Michèle


Ouiiiiiiii, la question est posée :
Comment ne pas haïr l'autre/les autres qui a/ont fait du mal à un proche, qui l'a/ont handicapé, qui l'a/ont tué, violé, torturé ??? Comment ne pas être en colère ???
Comment arriver à être en EC1/EC2 (attention neutre) concernant cet état de chose ??? Faut d'abord décharger, non ???

 

Réponse de Christiane


Effectivement il faut décharger comme tu le dis, c’est-à-dire enlever les charges émotionnelles ; pour cela il est nécessaire de faire face à sa douleur, à sa haine, son envie de détruire, sa honte, son dégoût, sa tristesse ainsi qu’à la violence des actes commis ou subis ce qui n’est pas toujours facile. En effet, dans certaines circonstances, la personne est tellement choquée qu’elle a du mal à faire face à ses agresseurs (violeurs, pédophiles, tortionnaires) que ce soit par le biais d’une constellation ou d’une séance thérapeutique ou de clarification. C’est tellement violent qu’elle peut être éjectée par la charge émotionnelle. Elle n’arrive pas à rester en contact avec l’incident et du coup elle ne peut décharger. Il lui faudra plus de temps et augmenter ses capacités à rester présente face à l’inconcevable, à l’impensable.

De tels incidents traumatiques ont fait l’objet de refoulement et de mécanismes de protection puissants qui ont permis aux personnes de survivre mais qui constituent un obstacle à l’intégration du traumatisme. Ceux qui ont blessé se sont blindés, se coupant de leurs émotions et ceux qui ont été victimes ont aussi eu recours à ces mécanismes inconscients. Nous avons de l’antipathie pour la douleur et souvent, nous décidons d’oublier. Patiemment nous rétablirons la communication de soi à soi, de soi aux autres. Alors il sera possible de comprendre les circonstances qui ont amené une personne, un groupe à commettre un acte nuisible. Aimer, c’est comprendre, prendre avec soi. C’est cela le chemin de la réconciliation.

Ainsi une personne peut être en EC1/EC2, (en attention neutre) c’est à dire dans l’accueil de sa souffrance et de celle des bourreaux, elle va retrouver une présence où peuvent coexister les contraires. Nous pouvons appeler cela le pardon qui n’a rien à voir avec oublier ; c’est au contraire se rappeler ce qui a fait mal, ce qui a bouleversé, dévasté pour en faire pleinement l’expérience ; c’est rappeler à notre conscience ce dont nous n’avons pas pu être conscients pour le revivre maintenant. C’est ressentir tout le négatif qui a été refoulé lors de cette blessure. En le vivant maintenant, nous allons, non pas l’oublier, mais l’intégrer, le faire nôtre. Et c’est cela qui transforme et libère.

En constellation, nous pouvons observer ces hommes morts à la guerre : un groupe représente les allemands, un autre les français ; nous les faisons se coucher et se regarder en silence ; peu  à peu ils vont se rapprocher et reconnaître que chacun a souffert et fait souffrir l’autre, que chacun a été pris dans quelque chose de plus grand que lui, qui l’a dépassé. Ainsi dans cette souffrance reconnue, ils sont égaux et la paix peut advenir. La plupart du temps, ce mouvement se déroule avec très peu de mots mais beaucoup de délicatesse, de profondeur où chacun retrouve sa dignité.

Ce genre de mouvement n’est pas réservé aux faits d’un passé lointain. Je me rappelle un très beau processus pour une mère ayant eu ses 2 enfants abusés par un proche. Beaucoup de travail avait déjà été fait quand nous nous sommes rencontrées mais il restait de la haine contre cet homme qui avait trahi sa confiance et abusé de ses enfants. Un procès avait eu lieu et l’homme avait été condamné. Malgré cela, cette mère n’était pas pleinement soulagée et pacifiée. Elle lui en voulait toujours à cet homme d’autant plus que cette histoire prenait racine dans son système maternel, une grand mère ayant été abusée par un proche et s’était réfugiée dans la résistance avec le postulat « je suis forte, moi» et la croyance que tous les hommes sont dangereux.

L’homme qui avait abusé de ses enfants lui faisait face ; la mère lui dit toute sa haine et l’envie qu’elle avait de le voir souffrir à son tour. Bien que résistant au départ, il finit par reconnaître sa faute, ses torts, il prit responsabilité pour la gravité de ses actes. La première défense d’un « bourreau » est d’abaisser son niveau de conscience pour ne pas ressentir qu’il a nui à autrui. Il ne ressent rien, il ne sait pas de quoi nous parlons.

Mais dans le cas présent, cet homme put reconnaître qu’il avait causé du tort à ces enfants, à cette famille. La mère des enfants comprit alors que lui aussi, avait été sous l’influence de son système et d’actes similaires et qu’il était dans une grande souffrance. Cette femme sentit alors que la haine qu’elle lui vouait la liait, elle et ses enfants, à cet homme et que la guérison ne pourrait émerger avec un lien aussi toxique. Ce fut un dénouement bouleversant où la haine tomba et fit place à un mouvement de compassion.

Bonne méditation

 

Christiane Perreau

 

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Stages 2015
 
Re-Naître, un passage vers Soi
7 jours – 12 au 18 juillet 2015


Stage animé par
Brigitte Asselineau, Psychopraticienne
et Christiane Perreau, Faciliteur


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Stage de 6 jours - 19 au 24 octobre 2015

Animé par Christiane Perreau, Faciliteur
 

Pour obtenir des informations complémentaires sur ces stages
Adressez un courriel à <jenous.meta.cf@free.fr>

 

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